Alors que Les autorités algériennes ont annoncé le 24 août au soir la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc, voisin maghrébin avec lequel Alger entretient de longue date des relations difficiles, Israël se retrouve au centre des débats. Au cœur des griefs formulés par le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, figure des propos tenus par son homologue israélien, Yaïr Lapid, lors d'une récente visite officielle inédite au Maroc.
A Casablanca (Maroc) le 12 août, Yaïr Lapid avait en effet exprimé ses «inquiétudes au sujet du rôle joué par l'Algérie dans la région, son rapprochement avec l'Iran et la campagne qu'elle a menée contre l'admission d'Israël en tant que membre observateur de l'Union africaine» (UA).
Ramtane Lamamra a fustigé le 23 août «des accusations insensées et des menaces à peine voilées». A ses yeux, «sur le plan de la sécurité régionale, le fait pour les autorités marocaines d’introduire une puissance militaire étrangère dans le champ maghrébin et d’inciter son représentant à tenir des propos fallacieux et malveillants à l’encontre d’un pays voisin constituent un acte grave et irresponsable».
L'Etat hébreu a dénoncé le 25 août des accusations «infondées et sans intérêt». «Ce qui compte, ce sont les très bonnes relations entre Israël et le Maroc, illustrées» par la récente visite de Yaïr Lapid et «la coopération entre les deux pays pour le bien de leurs citoyens et de toute la région», a rétorqué une source diplomatique israélienne auprès de l'AFP.
Elle ajoute qu'«Israël et le Maroc sont une partie importante d'un axe pragmatique et positif dans la région face à un axe qui va en sens inverse et qui inclut l'Iran et l'Algérie».
«Nous parlons aux Marocains tout le temps [...] L'Algérie devrait se focaliser sur l'ensemble des problèmes auxquels elle est confrontée, en particulier les problèmes économiques sérieux», a ajouté cette source sous couvert d'anonymat.
Algérie-Maroc : de nombreuses querelles
Le Maroc a été le quatrième pays arabe – après les Emirats arabes unis, Bahreïn et le Soudan – à avoir normalisé ses relations avec Israël en 2020 sous l'impulsion des Etats-Unis, en contrepartie d'une reconnaissance américaine de sa «souveraineté» sur le Sahara occidental.
Rabat juge que cette ancienne colonie espagnole fait partie intégrante de son territoire. Les indépendantistes du Front Polisario réclament, eux, un référendum d'autodétermination, avec le soutien de l'Algérie.
Les relations entre l'Algérie et son voisin marocain sont en effet difficiles, en raison principalement du contentieux du Sahara Occidental. D'ailleurs, la longue frontière entre les deux pays est officiellement fermée depuis plus de 25 ans (1994).
La récente normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël a évidemment avivé les tensions avec l'Algérie, fervent soutien de la cause palestinienne.
Le Haut conseil de sécurité algérien a en outre accusé – sans preuve – le Maroc et Israël de soutenir le MAK (Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie), une organisation indépendantiste, ainsi que l'organisation islamo-conservatrice Rachad. Ces deux mouvements sont basés à l'étranger.
Alger impute notamment au MAK des incendies meurtriers (90 morts) ayant ravagé le pays et le lynchage le 11 août d'un jeune homme accusé à tort de pyromanie en Kabylie.
Le ministère marocain des Affaires étrangères a regretté la décision «complétement injustifiée» de l'Algérie, en rejetant des «prétextes fallacieux, voire absurdes».