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Arabie saoudite : vers une éviction du roi Salmane ?

Selon un prince dissident, le clergé du Royaume, l'establishment religieux ainsi que huit des douze fils de l'ancien roi Saoud, fondateur de l'Arabie saoudite et déposé en 1964, souhaitent renverser l'actuel roi Salmane.

Une mauvaise gestion de l'économie, des nominations controversées et népotiques, une obstination à mener une coûteuse guerre au Yémen, une action insuffisante après la catastrophe de la Mecque et une maladie d'Alzheimer en progression, autant de facteurs qui poussent l'entourange de Salmane a souhaiter son éviction. 

Ainsi, huit des douze fils de l'ancien roi Saoud, fondateur de la dynastie en 1932, souhaiteraient que Salman, aujourd'hui âgé de 79 ans, cède le trône à son frère, de six ans son cadet.

Le nom du prince dissident à l'origine de ses révélations transmises à The Independent, ne peut être évoqué pour des raisons de sécurité, mais il serait un des petits-fils de l'ancien roi Saoud, qui avait rédigé des lettres publiées par le Middle East Eye et dans lesquelles il s’alarmait d’une imminente chute du régime si le roi Salmane et son fils, le ministre de la Défense et vice-prince hériter, Mohammed, ne quittaient pas le pouvoir. 

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Il affirme par ailleurs, qu'une nette majorité (environ 75%) des puissants religieux musulmans du pays, les oulémas, soutiendraient même une révolution de palais pour évincer l'actuel roi et installer à sa place le prince Ahmed ben Abdoulaziz, un ancien ministre de l'Intérieur.

«Le Prince Ahmed veut introduire des réformes comme la liberté d'opinion, modifier le système judiciaire et libérer les prisonniers politiques qui ne sont pas en rapport avec le terrorisme», explique le prince dissident, ajoutant que de nombreux hommes saoudiens d'importance sont emprisonnés pour leurs opinions religieuses trop modérées au goût de Salmane. 

Le prince Ahmed, qui est titulaire d'une maîtrise en sciences politiques, est particulièrement apprécié des clercs et par la famille royale en raison de son expérience professionnelle et de ses opinions «sages et modérées» : «il a été pur toute sa vie. Il n'a pas de problèmes avec le jeu, les femmes, la boisson ou la drogue, il aime la chasse et le désert, est très religieux sans être fermé d'esprit, il parle bien anglais et est très ouvert sur le monde», poursuit le dissident.

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En 1964, le roi Saoud a été évincé pacifiquement après que la majorité des aînés de la famille royale et des membres importants de l'establishment religieux du royaume lui ont unanimement retiré leur soutien.

C'est ce qui pourrait arriver aujourd'hui à Salmane, qui resterait certes «très respecté à l'intérieur comme à l'extérieur du pays», mais devrait léguer tous les pouvoirs à son successeur.

«Nous voulons des réformes financières et politiques, la liberté d'opinion, une justice améliorée et une charia plus clémente», a conclu le dissident.