Un an jour pour jour après l'hospitalisation d'Alexeï Navalny, le sujet pouvait difficilement ne pas être évoqué lors de la conférence de presse commune de Vladimir Poutine et Angela Merkel, ce 20 août à Moscou, dans le cadre d'une visite officielle de la chancelière en Russie. Ainsi, un journaliste du Frankfurter Allgemeine Zeitung a demandé au président russe «dans quelles conditions, Alexeï Navalny, pourrait-il être libéré et quand la persécution vis-vis des partisans de monsieur Navalny en Russie s'arrêtera». Le journaliste a également demandé au chef d'Etat ce qu'il pensait de la tribune, publié par Alexeï Navalny le 19 août dans plusieurs journaux européens dans laquelle il appelle à lutter contre la corruption.
«En ce que concerne la personne que vous avez mentionnée, elle a été condamnée non pour son activité politique, mais pour une infraction pénale visant des partenaires étrangers», lui a rétorqué Vladimir Poutine. De fait, Alexeï Navalny a été placé fin février 2021 en colonie pénitentiaire après qu'un tribunal de Moscou a confirmé en appel la révocation d'un sursis prononcée en 2014, pour violations répétées des conditions de ce même sursis. Alexeï Navalny avait été condamné en 2014, pour des détournements dans la filiale russe du groupe français Yves Rocher, via une entreprise de transport qu'il détenait avec son frère Oleg.
Le chef d'Etat russe a martelé que «personne ne [devait] se cacher derrière des activités politiques pour mener à bien des projets commerciaux, notamment en violation de la loi».
Vladimir Poutine a en outre profité de cette occasion pour relever que, s'il était ainsi interpellé sur la «persécution» des partisans de l'opposant Navalny, l'opposition en Occident ne bénéficiait en rien d'un blanc-seing : «En ce qui concerne l'opposition non officielle en général... Je ne vois pas que, dans les pays occidentaux, en Europe et aux Etats-Unis – il suffit de se souvenir des mouvements Occupy Wall Street ou des Gilets jaunes en France – que ces gens-là aient pu profiter d'un appui particulier quant à leur promotion, aux organes représentatifs du pouvoir, notamment au Parlement», a déclaré le chef d'Etat. «Quand des gens sont entrés dans [le bâtiment] du Congrès, après les élections aux Etats-Unis, avec des revendications politiques – après cela, plus de 100 poursuites pénales ont été engagées contre eux», a-t-il également relevé, en référence aux manifestants pro-Trump, contestant la victoire présidentielle de Joe Biden, qui avaient envahi le Congrès et risquant désormais de lourdes peines de prison.