«La politique américaine concernant Taïwan n'a pas changé» : c'est en ces termes qu'«un haut responsable» de l'administration américaine, cité le 20 août par l'agence Reuters, a été contraint de réagir aux propos tenus deux jours plus tôt par Joseph Biden sur la chaîne télévisée ABC, au sujet de l'implication de Washington dans le dossier taïwanais.
Si quelqu'un devait envahir ou prendre des mesures contre nos alliés de l'OTAN, nous répondrions. Même chose [...] avec Taïwan
Alors qu'il s'exprimait au sujet des récents rebondissements en Afghanistan liés au départ des troupes américaines, le président des Etats-Unis a en effet été interrogé le 18 août sur une possible remise en question des alliances américaines.
«Vous entendez déjà la Chine dire à Taïwan : "Vous voyez ? Vous ne pouvez pas compter sur les Américains"», a ainsi commencé son interlocuteur. C'est alors que l'actuel locataire de la Maison Blanche a pointé du doigt «une différence fondamentale» entre les situations en Afghanistan et à Taïwan. «Nous avons pris un engagement sacré envers l'article 5 [de la charte de l'OTAN] selon lequel, si quelqu'un devait envahir ou prendre des mesures contre nos alliés de l'OTAN, nous répondrions. Même chose avec le Japon, même chose avec la Corée du Sud, même chose avec Taïwan», a assuré Joseph Biden, s'écartant ainsi de la traditionnelle position américaine d'«ambiguïté stratégique» sur le dossier taïwanais.
Pour rappel, si Washington fournit régulièrement des armes à Taïwan, l'administration américaine ne s'est jamais officiellement engagée à envoyer ses troupes sur place en cas de conflit. L'arrivée de l’armée américaine sur l'île est une ligne rouge pour la Chine : elle «signifiera la guerre», avertissait par exemple en septembre 2020 le quotidien pékinois Huanqiu Shibao, comme le relevait Courrier international en mai 2021, au moment de rumeurs sur la présence de troupes américaines sur place.
«Ce que Washington veut, c'est que Taïwan se batte pour les Etats-Unis»
Du côté de Pékin, la porte-parole de la diplomatie chinoise, Hua Chunying, a réagi à cet épisode en soulignant que Taïwan restait une partie «inaliénable» de la Chine. «Personne ne devrait sous-estimer la résolution, la détermination et la forte capacité du peuple chinois à défendre la souveraineté nationale et l'intégrité territoriale», a déclaré Hua Chunying citée par Reuters.
La perspective d'une intervention militaire américaine au côté de Taïwan face à l'Armée populaire de libération a en outre été commentée dans la presse chinoise, notamment à travers un éditorial explosif paru le 20 août dans les colonnes du quotidien Global Times. «Lier l'article 5 de la charte de l'OTAN à Taïwan ? C'est quelque chose qu'aucun officiel américain n'avait fait auparavant. [...] Biden est-il prêt pour cela ? [Les Etats-Unis] ont-ils déjà évalué le nombre de soldats américains qui mourront si une guerre éclate ?», peut-on entre autres lire dans le texte qui ne manque par ailleurs pas de mettre en garde «les sécessionnistes de l'île de Taïwan» : «Ne nagez pas dans les expectorations que Biden crache négligemment. Les Etats-Unis ne "défendront" pas Taïwan ; ce qui les intéresse, c'est d'encourager l'île à affronter le continent et à utiliser Taïwan pour contenir le développement du continent. Ce que Washington veut, c'est que [...] Taïwan se batte pour les Etats-Unis».