Dans cet entrepôt anonyme, des citoyens américains arrêtés auraient été retenus et interrogés en dehors de toute procédure légale. C'est du moins ce qu'avait révélé le Guardian en février dernier. Selon le quotidien britannique, 7.185 personnes avaient été arrêtées et détenues au Homan place en près de 11 ans avec seulement 68 visites d'avocats.
Depuis les activistes et militants des droits civiques ne décolèrent pas devant ce qu'ils appellent «un crime contre l'Humanité».
Dès les révélations du journal britannique, une requête en vue d'une enquête fédérale accélérée avait été faite auprès du Secrétaire d'Etat à la Justice de l'époque, Eric Holder, par le député Danny Davis. Mais rien n'en était sorti et le ministère de la Justice n'avait jamais répondu aux diverses demandes de l'élu.
Les activistes des droits civils sont d'autant plus frustrés par la loi du silence qui semble régner alors que trois hommes ont déclaré avoir été maltraités physiquement et psychologiquement.
Mais les militants ne désarment pas et entendent bien se faire entendre. Les politiciens, les groupes de défense des libertés civiles et des militants du mouvement Black Lives Matter ont renouvelé auprès de l'Administration Obama leur exigence pour une «enquête immédiate» à propos de ce scandale. Ainsi une autre requête vient d'être faite auprès de la secrétaire d'Etat à la Justice actuelle, Loretta Lynch. Ils espèrent ainsi que les fonctionnaires fédéraux lanceront enfin une enquête sur que ce que les militants de Black Lives Matter estiment être «des révélations flagrantes».
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Un porte-parole de l'American Civil Liberties Union de l'Illinois a également fait écho à cette demande, estimant que les révélations du Guardian méritaient «une enquête complète» que ce soit par un tribunal ou par le ministère de la Justice.
Autre motif de colère pour les militants, le rôle joué par le maire de Chicago, Rahm Emanuel, lequel aurait tenté «une échappatoire» en n'exigeant pas d'enquête sur ce centre de détention.
Rahm Emanuel avait été déjà critiqué pour son soutien constant et sa défense des pratiques de la police alors que la ville connait une violence par armes à feu croissante. Il s'était d'ailleurs contenté d'un simple «nous suivons toutes les règles» pour seul commentaire après les révélations du journal britannique. Une audience d'urgence a été demandée devant le conseil de la ville pour évoquer le sujet.
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Barack Obama est attendu à Chicago et les militants entendent bien protester devant le siège de la police où le président sera présent ce 27 octobre pour le congrès annuel de l'Association internationale des chefs de police. Le Black Caucus, l'organisation qui regroupe des parlementaires à l'origine afro-américains, a appelé à l'éviction du commissaire de police de la ville, Garry McCarthy qui doit justement présider ce congrès .
Devant la plus grande réunion de la police à Chicago, les militants de Black lives matter renouvèleront leurs demandes de fermer Homan Square et «que toutes les personnes responsables de son exploitation fasse l'objet d'une enquête pour crimes contre l'humanité».