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Des incendies «d'origine criminelle» ravagent le nord de l'Algérie et font au moins 69 morts

Une cinquantaine d'incendies, «d'origine criminelle» selon le gouvernement, se propagent dans le nord de l'Algérie, notamment en Kabylie. Au moins 69 personnes ont trouvé la mort dans la catastrophe, dont 28 militaires.

Au moins 69 personnes, dont 28 militaires, ont perdu la vie dans les incendies qui ravagent le nord de l'Algérie, notamment en Kabylie, a fait savoir le 11 août la télévision publique. 12 militaires se trouvent également «hospitalisés dans un état critique», d'après cette même source. Les autorités ont évoqué des feux «d'origine criminelle» attisés par un épisode de canicule.

Les incendies, qui ont débuté dans la soirée du 9 août, ont tué 17 civils à Tizi-Ouzou et Sétif, selon un bilan annoncé par le Premier ministre, Aïmène Benabderahmane, dans la soirée du 10 août.

Le président Abdelmadjid Tebboune avait lui déploré dans la soirée du 10 août la mort de 25 militaires qui tentaient de contenir les incendies, présentant ses condoléances aux familles des victimes. «C'est avec une grande tristesse que j'ai appris la mort en martyrs de 25 militaires après qu'ils aient réussi à secourir plus d'une centaine de citoyens des flammes, dans les montagnes de Bejaïa et Tizi-Ouzou», a écrit le président.

Le ministère de la Défense nationale a précisé que 14 autres militaires souffraient de brûlures à différents degrés. Leur intervention a «permis de sauver des flammes 110 citoyens : hommes, femmes et enfants», ajoute le ministère dans un communiqué.

Des appels à l’aide internationale lancés

Des vents propagent les feux et compliquent d'autant la tâche des secouristes, a précisé Youcef Ould Mohamed, le conservateur local des forêts, cité par l'agence APS. Des images impressionnantes des incendies circulent sur les réseaux sociaux, avec des troncs calcinés, du bétail agonisant, asphyxié, et des villages encerclés par la fumée tandis que les collines alentours rougeoient.

Des appels circulent sur les réseaux sociaux comme Instagram pour fournir des bandages, du tulle gras ou encore de la crème pour les brûlures à des hôpitaux ou centres de crise à court de matériel. D'autres appels ont été lancés sur les réseaux sociaux exhortant les autorités à solliciter une assistance internationale afin de venir à bout de ces incendies.

Dans un communiqué reçu par l'AFP, un groupe de «militants démocrates en Algérie et à l'étranger» a enjoint les autorités «de prendre toutes leurs responsabilités et d'appeler à une aide internationale, dans les meilleurs délais, afin d'éviter une catastrophe tant humaine qu'écologique». «Seule la voie aérienne usant de matériels lourds, tels que les Canadairs entre autres, est en mesure de circonscrire les feux et les incendies», plaident ces Algériens des deux rives de la Méditerranée.

De son côté, le Premier ministre a affirmé à la télévision qu'Alger est «à un stade avancé de discussions avec des partenaires européens pour louer des avions anti-incendie», sans citer les pays contactés.

Sur Twitter, le maire de Marseille, Benoît Payan (Parti socialiste), a déclaré : «La ville de Marseille de tient prête à envoyer des marins pompiers des moyens et du matériel en Kabylie si l’Algérie nous en fait la demande. Toute notre solidarité nos sœurs et a nos frères algériens.»

Des incendies «d'origine criminelle» selon le gouvernement, quatre pyromanes arrêtés

Une cinquantaine d'incendies «d'origine criminelle» et attisés par un épisode de canicule ont débuté dans la soirée du 9 août dans le nord de l'Algérie, notamment en Kabylie, selon le ministre de l'Intérieur Kamel Beldjoud, qui s'est rendu accompagné d'une délégation ministérielle à Tizi-Ouzou, l'une des villes les plus peuplées de la région. «Cinquante départs de feu en même temps, c'est impossible. Ces incendies sont d'origine criminelle», a affirmé Kamel Beldjoud.

Selon le Premier ministre, plus de 70 incendies ont éclaté dans 18 wilayas (préfectures) du nord du pays. La protection civile a elle fait état d'une centaine de feux dans 16 wilayas. Les villes de Bouira, Sétif, Khenchela, Guelma, Bejaïa, Bordj Bou Arreridj, Boumerdès, Tiaret, Médéa, Tébessa, Blida et Skikda sont touchées, a indiqué sur Twitter la direction générale de la protection civile.

La radio publique algérienne a annoncé l'arrestation de trois «pyromanes» à Médéa où un incendie s'est aussi déclaré. Un quatrième a été arrêté à Annaba, selon l'APS.

De plus, l'Algérie connaît un été caniculaire marqué par une raréfaction de l'eau dans le pays. Les services météorologiques prévoient des températures allant jusqu'à 47 degrés.

Lors d'un Conseil des ministres tenu le 25 juillet, le président Tebboune a ordonné l'élaboration d'un projet de loi punissant sévèrement les auteurs d'incendies criminels de forêts, avec des peines allant jusqu'à 30 ans de prison ferme, voire la perpétuité si l'incendie a causé la mort d'individus.

Début juillet, trois personnes soupçonnées d'être impliquées dans des incendies ayant ravagé 1 500 hectares de forêts dans le massif des Aurès avaient été arrêtées.

Chaque année, le pays est touché par des feux de forêt. En 2020, près de 44 000 hectares de taillis sont partis en fumée. Les autorités avaient annoncé avoir arrêté plusieurs auteurs d'incendies criminels.