Dans un communiqué publié ce 7 août, l'ambassade des Etats-Unis à Kaboul a appelé «les citoyens américains à quitter l'Afghanistan immédiatement» en raison de la situation sécuritaire sur place. Londres a donné la même consigne à ses ressortissants. En proie au chaos, le pays fait face à la progression rapide des Taliban, que le président afghan Ashraf Ghani impute au retrait «brusque» des soldats américains.
Les Taliban s'emparent d'une deuxième capitale provinciale
Le 7 août, les Taliban se sont emparés de la ville de Sheberghan (nord), capitale de la province de Jawzjan. «Les forces [afghanes] et les responsables ont fui vers l'aéroport», a précisé à l'AFP Qader Malia, vice-gouverneur de cette province.
Moins de 24 heures plus tôt, les Taliban avaient déjà fait main basse sur une première capitale provinciale, Zaranj, dans le sud-ouest du pays. Cette prise leur permet de contrôler une partie de la frontière avec l'Iran. Selon les autorités locales, les forces afghanes, dépassées par la progression fulgurante des Taliban, n'ont opposé «aucune résistance».
Le 6 août également, le groupe armé avait revendiqué l'assassinat de Dawa Khan Menapal, chef du service de communication du gouvernement afghan.
Les Taliban, qui se sont emparés ces derniers mois de vastes territoires ruraux, encerclent par ailleurs plusieurs autres capitales provinciales. L'armée afghane semble de son côté totalement dépassée par la situation, alors que le départ des troupes étrangères dirigées par Washington doit être achevé d'ici le 31 août, après deux décennies de présence.
«Aucune solution militaire», selon Moscou
Cette escalade de la violence alerte l'ONU, dont le Conseil de sécurité s'est réuni le 6 août.
La perspective que l'Afghanistan glisse dans une guerre civile généralisée et de longue durée est, malheureusement, la dure réalité.
«Le plus important aujourd'hui est de lancer rapidement des négociations substantielles», a estimé l'ambassadeur russe à l'ONU Vassily Nebenzia lors de cette session. Appelant à considérer «toutes les initiatives internationales et régionales» afin de «trouver une solution sensée prenant en compte les intérêts de toutes les minorités ethniques et religieuses», le diplomate a poursuivi son analyse : «Il est clair qu'il n'y a aucune solution militaire à la situation afghane, mais, dans la situation actuelle, vu l'absence de progrès dans la voie des négociations, la perspective que l'Afghanistan glisse dans une guerre civile généralisée et de longue durée est, malheureusement, la dure réalité.»
Lors de cette même réunion, le diplomate américain Jeffrey DeLaurentis a pour sa part réaffirmé la mise en garde de Washington selon laquelle l'Afghanistan deviendrait un «paria international» en cas de «prise de pouvoir militaire» par les rebelles ou du retour d'un «émirat islamique» comme celui que les Taliban avaient instauré avant d'être chassés par l'intervention américaine de 2001.
Une réunion est prévue le 11 août à Doha entre les émissaires américain, russe, chinois et pakistanais pour tenter de relancer un processus de paix, qui semble plus que jamais dans l'impasse.