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Afghanistan : les Taliban prennent une capitale provinciale et en menacent plusieurs autres

La journée du 6 août a été sombre pour le gouvernement afghan, dont le chef du service de communication a été assassiné par les Taliban. Le même jour, ces derniers ont pris la capitale provinciale Zaranj, dans le sud-ouest de l'Afghanistan.

Les Taliban se sont emparés le 6 août de la ville afghane de Zaranj, première capitale provinciale à tomber entre leurs mains depuis le début de leur offensive en mai, et ont assassiné à Kaboul le chef du service de communication du gouvernement.

Les insurgés ont pénétré à Zaranj, capitale de la province de Nimroz, dans le sud-ouest de l'Afghanistan, sans rencontrer «aucune résistance», a déclaré à l'AFP Roh Gul Khairzad, la gouverneur adjointe de la province.

Petite ville située à la frontière avec l'Iran, Zaranj possède une importance économique, et sa prise permet aux insurgés de contrôler une nouvelle partie des frontières afghanes.

Il s'agit pour les Taliban d'une victoire très symbolique qui pourrait avoir un effet psychologique dévastateur pour l'armée afghane, dont le moral est déjà au plus bas, rappelle l'AFP.

Les Taliban avaient déjà mis la main sur plusieurs postes-frontières clés, avec l'Iran, le Tadjikistan, le Turkménistan et le Pakistan, qui sont une source vitale de revenus, tirés des droits de douane, pour ce pays enclavé.

Le président tadjik, Emomali Rakhmon, a affirmé ce 6 août qu'ils contrôlaient la totalité de la frontière entre l'Afghanistan et le Tadjikistan, soit près de 1 300 kilomètres, lors d'un sommet réunissant les chefs d’Etat des cinq ex-républiques soviétiques d'Asie centrale.

Les Taliban se sont emparés ces trois derniers mois de vastes territoires ruraux lors d'une offensive éclair lancée à la faveur du retrait des forces internationales, qui doit être complètement achevé d'ici le 31 août. Après avoir rencontré une faible résistance dans les campagnes, ils dirigent depuis quelques jours leurs offensives sur les grandes villes, encerclant plusieurs capitales provinciales.

La Russie réaffirme l'importance des négociations

Lors d'une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, l'émissaire de l'ONU en Afghanistan, Deborah Lyons, a appelé les Taliban à «cesser» ces «attaques contre les villes», demandant au Conseil de leur lancer un avertissement «sans ambiguïté».

Le diplomate américain Jeffrey DeLaurentis a réaffirmé la mise en garde de Washington selon laquelle l'Afghanistan deviendrait un «paria international» en cas de «prise de pouvoir militaire» par les rebelles ou du retour d'un «émirat islamique» comme celui que les Taliban avaient instauré avant d'être chassés par l'intervention américaine de 2001.

«Le plus important aujourd'hui est de lancer rapidement des négociations substantielles», a déclaré pour sa part l'ambassadeur russe Vassily Nebenzia, disant compter sur la réunion prévue le 11 août à Doha entre les émissaires américain, russe, chinois et pakistanais pour aboutir à une relance d'un processus de paix dans l'impasse.

Des frappes aériennes pour tenter d'enrayer l'avance des Taliban

Les armées afghane et américaine ont procédé ces derniers jours à de multiples frappes aériennes pour tenter d'enrayer l'avancée des Taliban sur plusieurs centres urbains majeurs.

Les combats se sont poursuivis le 6 août à Lashkar Gah (sud), capitale de la province du Helmand, où l'armée a lancé une contre-attaque le 4 août au soir, mais aussi à Sheberghan (nord), dans la province de Jawzjan, fief du célèbre chef de guerre Abdul Rachid Dostom.

Le ministère de la Défense a affirmé en fin d'après-midi que les Taliban avaient été chassés de Sheberghan, où ils avaient pénétré un peu plus tôt. Les civils, qui paient un lourd tribut à la guerre, ont continué à essayer de fuir les zones de combat, comme l'armée les y a invités, mais sans avoir aucun endroit sûr où se réfugier.

A Hérat (ouest), la troisième plus grande ville du pays, elle aussi encerclée par les Taliban, les habitants ont quitté en nombre leur foyer ce 6 août. «Nous avons complètement évacué la zone», a raconté à l'AFP Ahmad Zia, un habitant de la partie ouest de la ville. «Il ne nous reste rien et nous ne savons pas où aller», a ajouté cet habitant.