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Guinée équatoriale : six militaires français retenus par les autorités dans un aéroport

Six militaires français sont retenus à l'aéroport de Bata, la capitale économique de Guinée équatoriale, où ils avaient posé leur hélicoptère la veille pour se ravitailler en carburant, ont indiqué l'armée française et les autorités du pays.

Six militaires français sont retenus depuis le 28 juillet dans un aéroport de Guinée équatoriale. «Ils se sont posés le 28 juillet à 14h15 parce qu'ils n'avaient plus de pétrole. A ce moment a commencé une séquence de tracasseries administratives», a affirmé à l'AFP le colonel Pascal Ianni, porte-parole de l'état-major des Armées françaises, ajoutant qu'ils étaient toujours en attente d'une autorisation de redécoller.

«On est dans une phase de négociation» avec les autorités locales, a-t-il poursuivi. «On se retrouve face à un incident tel qu'on en a déjà connu. Ils retiennent l'hélicoptère et l'équipage», a-t-il également précisé.

Cet incident coïncide avec une décision prononcée le 28 juillet par la justice française condamnant définitivement dans un volet de l'affaire des «biens mal acquis» le vice-président Teodoro Nguema Obiang Mangue, surnommé Teodorin, 52 ans, fils du président Teodoro Obiang Nguema, qui dirige d'une main de fer depuis 42 ans ce pays d'Afrique centrale.

Selon le ministère de l'Aviation civile, cité par l'agence officielle, «cet hélicoptère n'avait pas de permis ni d'autorisation pour survoler l'espace aérien équato-guinéen et bien moins pour atterrir à l'aéroport de Bata». Le ministère a dénoncé une «violation grave des normes internationales de l'aéronautique, une provocation directe et une attaque contre la sécurité nationale».

La radio publique équato-guinéenne TVGE avait affirmé le 28 juillet au soir que cet hélicoptère avait atterri sans autorisation. Les militaires français ont été ensuite entendus au commissariat central de Bata, a-t-elle ajouté.

La Guinée envisage une opération d'espionnage menée par la France

«Les autorités nationales n'excluent pas que cet incident militaire soit une opération d'espionnage et de provocation de Paris», selon la TVGE.

«Il n'y a pas d'affaire d'espionnage», a assuré de son côté l'officier Pascal Ianni. «On a toutes les autorisations nécessaires», a de son côté affirmé auprès de l'AFP un responsable militaire français sous couvert d'anonymat.

«On s'arrête régulièrement à Bata, mais on a aussi régulièrement des problèmes de coordination avec l'aéroport de Bata. La tour de contrôle de donne pas d'autorisation d'atterrir par excès de zèle», a-t-il ajouté.

L'hélicoptère bloqué, de type Fennec, non armé, effectuait une liaison logistique entre Douala, capitale économique du Cameroun, et Libreville, capitale du Gabon, qui abrite la base militaire des éléments français dans ce pays.

Le 28 juillet, la justice française a rejeté le pourvoi en cassation de Teodorin Obiang, rendant définitive sa condamnation pour s'être constitué frauduleusement un patrimoine luxueux.

Il avait été condamné par la cour d'appel de Paris en février 2020 à trois ans de prison avec sursis, à 30 millions d'euros d'amende et à la confiscation de tous ses biens saisis pour «blanchiment d'abus de biens sociaux, de détournement de fonds publics et d'abus de confiance» entre 1997 et 2011.

Le 26 juillet, la Guinée équatoriale avait annoncé la fermeture de son ambassade à Londres après des sanctions, considérées par Malabo comme «illégales», imposées par le Royaume-Uni contre Teodorin Obiang pour des faits de corruption.