Il est le premier chef d’Etat à se rendre dans le pays depuis la réélection d’Alexis Tsipras en septembre. Et dès son arrivée à Athènes, il donne le ton : «Nous avons tout fait, la France et la Grèce, pour qu’elle reste en Europe et que l'Europe soit solidaire de la Grèce. Et aujourd'hui encore, c'est le message que je vais continuer à porter».
Il a voulu que les Hellènes restent en Europe et dans l’euro. François Hollande l’a obtenu. Il arrive donc serein, pour parler d’Europe, d’économie et de la crise des migrants. Et pourquoi pas, rentrer avec quelques contrats signés dans sa besace.
Premier couac
Accueilli aux alentours de 14h00 par le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, le locataire de l’Elysée a participé à une cérémonie à la tombe du soldat inconnu, sur la place du Parlement. L’occasion d’un premier raté. Les observateurs grecs lui ont reproché d’avoir fait attendre longuement la délégation hellène, ainsi que le Premier ministre, pendant qu’il parlait à la presse française, massée à proximité.
Il a ensuite rencontré son homologue, Prokopis Pavlopoulos, qui l’a remercié de son aide dans la gestion de la crise grecque, fin juillet. L’occasion de parler de la crise des migrants qui met la Grèce en première ligne, de par sa position géographique. Plus d’un demi-million de migrants ont traversé le pays depuis le début de l’année. Alexis Tsipras réclame d’ailleurs un soutien supplémentaire de la part de l’Europe. Montant : 330 millions d’euros. Pour faire face et aider la Grèce à protéger «notre frontière extérieure».
Vendredi, dans le vif du sujet
C’est la journée de vendredi qui sera la plus chargée pour le président. Avant un discours devant le parlement, François Hollande et Alexis Tsipras devraient annoncer un partenariat stratégique. Il vise à renforcer l’aide française concernant les réformes fiscales, la modernisation de l’administration ou la gestion des actifs de l’Etat.
Un responsable proche du dossier confie que le président français vient «marquer la fraternité trouvée avec Alexis Tsipras et Syriza débarrassé du courant radical». Certains diront que le flot de privatisations à venir, pour un montant de 50 milliards d’euros, pour certains la condition de l’accord trouvé en juillet avec les créanciers du pays, n’est pas étranger au voyage de François Hollande.
Il a d’ailleurs fait le trajet accompagné de plusieurs chefs d’entreprise comme Pierre Coppey, directeur général délégué de l’entreprise de bâtiment Vinci. Elle lorgne sur les projets de création d’un aéroport en Crète et d'achèvement de l’autoroute entre Corinthe et Patras. Le ministre des Finances, Michel Sapin est également du voyage.
La population loin d'être unanime
Le peuple grec est en souffrance. Lui qui a voté contre les mesures d’austérité lors du référendum du 5 juillet a redonné sa confiance à Alexis Tsipras il y a un mois. Pourtant, le leader de Syriza a dû faire de nombreux sacrifices pour obtenir les 86 milliards d’euros qui permettront au pays de survivre encore un moment dans la zone euro.
En plus du fond de privatisation de 50 milliards d’euros, l’Europe a exigé d’autres réformes très difficiles à supporter pour une large frange de la population grecque qui a vu son niveau de vie chuter dramatiquement ces dernières années. La dette avoisine les 200% du PIB, le chômage oscille autour 26% et 30%, les Grecs les plus pauvres ont même un niveau de vie inférieur à celui de 1986.
Dimitra, une fonctionnaire proche de Syriza est sévère lorsqu’elle juge le président français : «Qu’a fait François Hollande pour nous ? Il a juste compris que si la Grèce sortait, la France serait le prochain pays attaqué par les marchés. Il a donc évité la sortie, mais à quelles conditions ?»
Et le locataire de l'Elysée promet même d’autres réformes : «Je sais tous les efforts que le peuple grec a dû réaliser et toutes les réformes qui ont été depuis des années engagées et encore ces derniers mois votées. Il en faudra d’autres pour qu’il puisse y avoir le succès. Mais j’ai dit aussi que la négociation sur la dette devait être l’étape suivante».
La négociation dont parle le président français, concerne un allégement conséquent du service de la dette, qu'Alexis Tsipras a vainement tenté d’obtenir l’été dernier.