A l'occasion de son déplacement en France le 28 juillet, le ministre israélien de la Défense Benny Gantz s'est entretenu avec Florence Parly au sujet des allégations d'espionnage concernant le logiciel israélien Pegasus, soupçonné d'avoir entre autres été utilisé contre le président français Emmanuel Macron.
Israël ne donne des autorisations d'exportation de produits cyber qu'à des Etats et seulement pour lutter contre le terrorisme et le crime
Selon un communiqué du ministère israélien cité par l'AFP, Benny Gantz a assuré à son homologue française que des «représentants officiels s'étaient rendus mercredi dans les bureaux de NSO», la firme qui commercialise le logiciel espion Pegasus. Le ministre a également affirmé qu'«Israël ne donnait des autorisations d'exportation de produits cyber qu'à des Etats et seulement pour lutter contre le terrorisme et le crime». Les deux ministres de la Défense ont par ailleurs abordé la question du nucléaire iranien et «la menace» régionale que représente l'Iran aux yeux d'Israël. Toujours selon l'AFP, Benny Gantz s'est aussi entretenu avec le patron du renseignement extérieur français (DGSE), Bernard Emié.
Première rencontre entre les Défenses française et israélienne depuis 2013
«[Florence Parly] lui a indiqué les clarifications qui sont aujourd’hui attendues par la France, et dont dépendent la confiance et le respect mutuel entre nos deux pays», a de son côté expliqué le ministère français des Armées.
Outils hautement intrusifs
La ministre avait déjà annoncé la veille vouloir saisir l'occasion de cet entretien bilatéral, prévu de longue date, pour savoir «quelle connaissance le gouvernement israélien avait des activités des clients de NSO» et comment il comptait «prévenir un détournement de ces outils hautement intrusifs».
Il s'agissait de la première rencontre entre le ministre de la Défense israélien et son homologue français depuis 2013, a précisé le ministère des Armées.
Pegasus, qui permet d'infiltrer des systèmes informatiques, est au cœur d'un scandale mondial d'espionnage révélé à la mi-juillet par un consortium de 17 médias.
Il aurait permis d'espionner les numéros d'au moins 180 journalistes, 85 militants des droits de l'homme ou encore de 14 chefs d'Etat dont le président français Emmanuel Macron, ce que NSO réfute.
Selon les médias français Le Monde et Radio France, des numéros de téléphone appartenant à Emmanuel Macron, ainsi que ceux de l'ancien Premier ministre Edouard Philippe et de 14 membres du gouvernement, dont le chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian, figuraient dans la liste des «numéros sélectionnés par un service de sécurité de l'Etat marocain, utilisateur de Pegasus, pour un potentiel piratage».
Régulièrement accusé de faire le jeu de régimes autoritaires, NSO assure que son logiciel Pegasus sert uniquement à obtenir des renseignements sur des réseaux criminels ou terroristes. Le Parlement israélien a mis en place une commission pour enquêter sur les allégations d'utilisation de Pegasus à «mauvais escient» par certains Etats pour espionner des personnalités. Le Maroc a de son côté nié toute implication et annoncé le lancement de poursuites judiciaires.