Comme annoncé quelques semaines plus tôt, un rapport du renseignement américain sur les origines possibles des phénomènes aériens inexpliqués a été publié le 25 juin. La thématique éveille traditionnellement les passions outre-Atlantique où l'opinion publique est particulièrement sensible à toute actualité liée aux objets volants non identifiés (ovnis). Le récent document recense plus de 140 événements non expliqués, observés par l'armée américaine depuis 2004.
Des boucs émissaires déjà évoqués
En dépit des spéculations récurrentes qui animent la société américaine sur la possibilité d'avoir un jour été visitée par des êtres extraterrestres, le rapport ne mentionne cette piste à aucun moment, ni pour l'appuyer, ni pour l'écarter. En revanche, parmi les hypothèses retenues à Washington pour expliquer ces mystérieux phénomènes observés au fil des ans par l'armée américaine, figure le scénario de présumées expérimentations d'entités étrangères, qui pourraient directement menacer les Etats-Unis.
Certains phénomènes aériens inexpliqués peuvent être des technologies déployées par la Chine, la Russie
«Les phénomènes aériens inexpliqués représenteraient un défi pour la sécurité nationale [notamment en cas de] preuve qu'un adversaire potentiel a développé une technologie révolutionnaire ou perturbatrice», peut-on lire dès les premières pages du texte, dont les auteurs précisent toutefois ne pas disposer d'éléments suffisants pour tirer des conclusions définitives. Qu'à cela ne tienne, le document mentionne tout de même deux pays susceptibles d'être liés à de telles activités menaçantes pour la sécurité nationale : la Chine et la Russie. En effet, au chapitre des multiples pistes envisagées concernant l'origine de certains phénomènes, figure une catégorie baptisée «systèmes adverses étrangers», dans laquelle le renseignement américain écrit que «certains phénomènes aériens inexpliqués peuvent être des technologies déployées par la Chine, la Russie, une autre nation ou une entité non gouvernementale».
Pour rappel, l'hypothèse avait déjà été communiquée début juin au New York Times par des responsables du renseignement américain. «Au moins une partie des phénomènes aériens pourraient correspondre à des technologies expérimentales d'une puissance rivale, très probablement la Russie ou la Chine», assurait alors sous anonymat des sources «proches du dossier» au célèbre journal américain.
Des phénomènes aux «caractéristiques de vol inhabituelles»
Afin d'éclaircir l'origine potentielle des phénomènes observés ces dernières années, quatre autres catégories ont été dressées par les services du renseignement américain : «l'encombrement aérien» composé d'oiseaux, de ballons, de drones de loisirs ou encore de débris en suspension dans l'air, comme des sacs en plastique ; «les phénomènes atmosphériques naturels» qui correspondent aux cristaux de glace, à l'humidité et ou encore à certaines fluctuations thermiques ; «les programmes de développement du gouvernement américain ou de l'industrie», segment pour lequel les auteurs du rapport se montrent toutefois circonspects ; enfin, une catégorie «autre» dont l'évaluation des composantes nécessite de nouvelles connaissances scientifiques.
«La task force dédiée aux phénomènes aériens non identifiés a l'intention de concentrer une analyse supplémentaire concernant certaines caractéristiques de vol inhabituelles», peut-on lire dans cette dernière section.
Très prisées au sein du monde médiatique américain, les questions relatives aux ovnis semblent attirer l'attention croissante de l'armée. «La marine américaine reconnaît qu'il y a eu suffisamment d'observations aériennes étranges par du personnel militaire crédible et hautement qualifié pour qu'elles soient enregistrées dans les archives officielles et étudiées, plutôt que d'être rejetées comme des phénomènes bizarres issus du domaine de la science-fiction», rapportait en effet Politico en mars 2019, époque à laquelle, face au nombre croissant de phénomènes observés, la marine avait élaboré de nouvelles directives pour le signalement d'ovnis.
Fabien Rives