Avec la victoire décisive de son parti, Justin Trudeau a été assuré d'une majorité absolue au Parlement qui lui permettra de gouverner sans avoir à compter sur les voix des autres partis. L'opportunité de moduler aussi la politique de son pays après 10 ans de pouvoir de Stephen Harper.
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Sous les mandats de Stephen Harper, la politique canadienne avait en effet vu son axe se déplacer vers la droite, avec des mesures telles que la baisse des impôts sur les sociétés, une tendance au climato-scepticisme et un soutien à l'industrie de l'extraction pétrolière et gazière. Déjà, certains parient sur un changement d'orientation de la politique internationale du pays.
D'autres questions sur lesquelles Justin Trudeau s'est clairement démarqué de son prédécesseur et rival conservateur Stephen Harper vont être revues: le changement climatique, l'immigration et les relations avec les États-Unis.
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- Syrie, Irak, vers le désengagement
Le premier changement majeur n'a pas tardé à intervenir: à peine élu Premier ministre, Justin Trudeau a annoncé à Barack Obama qu'il allait retirer six avions canadiens de combat de la campagne de bombardement menée par les USA contre l'Organisation Etat islamique en Irak et en Syrie. Il estime ainsi que la participation future de son pays devrait se limiter à l'avenir aux seules missions de formation des troupes locales au détriment des frappes aériennes. Durant la campagne, il avait déjà pris l'engagement de clore l'engagement canadien dans les missions de combat.
Barack Obama l'a cependant aussi félicité pour son élection, et le communiqué officiel de la Maison Blanche indique que les deux dirigeants se sont engagés à «renforcer les efforts conjoints des pays dans la promotion du commerce, de la lutte contre le terrorisme et le changement climatique».
Justin Trudeau a également promis d'accueillir 25.000 réfugiés syriens d'ici la fin de l'année, idée que Stephen Harper avait fermement refusée.
- Retour au multilatéralisme
Selon de nombreux spécialistes, après la parenthèse Harper, cette élection d'un Premier ministre de centre-gauche signifie un retour à la politique traditionnelle du Canada faite d'un appui ferme aux Nations Unies et de multilatéralisme.
Le tout jeune Premier ministre a ainsi déclaré que si la Canada a pu perdre «sa voix compatissante et constructive dans le monde ces 10 dernières années«, le pays est désormais «de retour».
Ainsi sur la question du Moyen-Orient, si Stephen Harper a toujours affiché un soutien indéfectible à la politique du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, Justin Trudeau semble avoir des positions plus mesurées.
En ce qui concerne la question du nucléaire iranien, Stephen Harper avait fermement désapprouvé cet accord pourtant défendu par le président américain. Le Canada avait même rompu ses relations diplomatiques avec Téhéran en 2012, fermant l'ambassade du Canada à Téhéran et expulsant les diplomates iraniens du pays. Justin Trudeau a déclaré souhaiter rétablir les relations entre les deux nations, dans le sillage de l'accord sur le nucléaire iranien.
- L'écologie de nouveau à l'honneur
Sous Stephen Harper, le Canada était sorti du Protocole de Kyoto, ce programme de réduction des émissions de gaz. Il était perçu par les écologistes comme plus intéressé par la protection de la région riche en pétrole du l'Alberta - troisième réserve de pétrole dans le monde - que par les efforts visant à endiguer les effets du changement climatique.
Prenant le contre-pied de cette position, Justin Trudeau a promis de consulter les provinces du Canada afin de convenir d'une position nationale unie lors des négociations sur le climat qui doivent se tenir à Paris en Novembre. Il a également promis de fixer des objectifs pour réduire les émissions de carbone, et d'aider financièrement les provinces à atteindre ces objectifs.
- L'avenir du projet de l'oléoduc Keystone XL
La victoire de Justin Trudeau signifie aussi potentiellement une amélioration des relations avec les Etats-Unis sur un point particulier, celui du projet Keystone XL. Stephen Harper était en effet notoirement agacé par l'opposition américaine au projet de ce pipeline devant relier la région canadienne de l'Alberta au Texas.
Si Justin Trudeau défend également ce projet de pipeline, il considère cependant que cela ne doit pas entraver les relations avec le voisin américain. Il a déclaré vouloir répondre à certaines des préoccupations américaines sur le sujet tout en maintenant le projet.