La rencontre entre Joe Biden et Vladimir Poutine à Genève ce 16 juin représente «une victoire» pour le président russe, prouvant le retour de son pays «au cœur du grand jeu international», analyse Xavier Moreau, directeur de Stratpol, centre d'analyses politico-stratégiques.
«C'est déjà une victoire pour Vladimir Poutine puisque Joe Biden était vice-président de Barack Obama à l'époque où celui-ci qualifiait la Russie de "puissance régionale"», estime-t-il par ailleurs.
«Or, aujourd'hui, la rencontre Poutine-Biden est pour l'instant le grand moment de politique étrangère de 2021. Les Etats-Unis ont été obligés de reconnaître que la Russie n'était pas cette puissance négligeable qu'elle était devenue dans les années 1990», a souligné Xavier Moreau, qui précise que les élites russes voient dans cette rencontre la preuve que «la Russie est au coeur du grand jeu international».
Au sujet des accusations de cyberattaques régulièrement portées par les Etats-Unis, ce que la Russie a toujours démenti, le spécialiste en relations internationales explique que «cette dernière a déjà proposé depuis longtemps de coopérer dans la lutte contre les cyberattaques».
«Mais le sujet ne sera pas particulièrement abordé, parce que Joe Biden sait pertinemment que, de la même manière que les ingérences russes dans la campagne américaine sont une fake news, ces histoires de cyberattaques servent à maintenir un état de tension entre Washington et Moscou», ajoute-t-il.
Toujours selon Xavier Moreau , les questions portant sur l'armement seront au cœur des discussions, notamment «la prolongation des accords internationaux sur le contrôle des armements», et éventuellement le traité Ciel ouvert de contrôle par survol, que la Russie a quitté le 7 juin à la suite du retrait des Etats-Unis en novembre 2020, que la Russie avait désapprouvé. «Il est possible que Joe Biden veuille y revenir», a expliqué le spécialiste.
Le ton des échanges en face-à-face des deux dirigeants devrait être nettement différent de celui employé par le président américain depuis son arrivée au pouvoir, a également souligné Xavier Moreau. «Joe Biden, vis-à-vis de son parti et de son électeur, doit avoir dans les déclarations publiques une position hostile à la Russie», a-t-il expliqué, soulignant que Vladimir Poutine et le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov «savent très bien que les chefs d'Etat occidentaux, que ce soit Joe Biden ou Emmanuel Macron, disent une chose pour leur opinion publique et en font une autre au moment des discussions».