C’est une colère en forme de coup de pub qu’ont publié les rédacteurs en chef du quotidien Bild le 20 octobre. Le journal le plus lu d’Allemagne a en effet voulu s’attaquer aux messages de haine contre les réfugiés et les étrangers. Sur une double-page, le journal a ainsi sélectionné des messages haineux qui se répandent sur Internet avec, en gras, cette injonction : «Ça suffit !».
«Une vague de haine et de hargne contre les réfugiés inonde Internet ! La plupart écrivent leurs commentaires racistes sur Facebook. Ça suffit !», explique le tabloïd allemand, qui dénonce des commentaires dangereux. Le quotidien fait d’ailleurs le lien entre ces messages de haine et les violences contre les réfugiés, ou même les coups de couteau portés ce week-end à une candidate à la mairie de Cologne par un homme revendiquant un acte xénophobe.
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Dans un tel climat, le quotidien Bild lu tous les jours par plus de deux millions d’Allemands, demande à la justice de faire son travail en poursuivant les auteurs de messages de haine. «Nous clouons les agitateurs au pilori, monsieur le procureur, chargez-vous en !», écrit ainsi le quotidien sur cette double page où apparaissent les noms des auteurs de commentaires xénophobes.
«Cassez-vous d'Allemagne», « d'ici à 2020, tous les Allemands seront à la rue et les réfugiés bien installés dans des logements en ricanant dans leur coin», peut-on lire parmi les commentaires les moins agressifs sélectionnés par le quotidien. Ce n’est pas la première fois, qu’en Allemagne, Facebook est accusé de ne pas suffisamment sévir contre les commentaires vindicatifs de ses utilisateurs.
Une plainte pour incitation à la haine a d’ailleurs été déposée contre trois dirigeants du réseau social auprès du parquet de Hambourg, qui a ouvert une enquête. Et le ministre allemand de la Justice, Heiko Maas, avait déjà demandé fin août à Facebook de mieux appliquer sa charte communautaire, censée garantir la suppression des messages racistes.
De son côté, le réseau social avait expliqué, en septembre 2015, vouloir mettre en place «trois nouvelles mesures pour faire face au racisme sur la plate-forme». Parmi celles-ci, un partenariat avec une organisation qui contrôlera désormais les contenus. De même, le groupe américain a rappelé qu'il fait au mieux pour faire disparaître systématiquement «les tirades haineuses contre certains groupes protégés», ainsi que «les appels à la violence»