Au Forum économique de Saint-Pétersbourg, plusieurs responsables russes se sont dits optimistes ce 4 juin concernant l'homologation de leur vaccin Spoutnik V par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Agence européenne des médicaments.
«Tout se passe comme prévu. Ils doivent préparer un rapport, faire des recommandations sur la façon de finaliser certaines [questions]», a déclaré au Forum économique de Saint-Pétersbourg le ministre russe de la Santé, Mikhaïl Mourachko.
Kirill Dmitriev, patron du fonds souverain russe qui a co-développé le vaccin Spoutnik V, a de son côté dit espérer «une décision positive [de l'Agence européenne des médicaments] dans un avenir proche».
Lors d’une interview à RT en anglais ce 4 juin, ce dernier a réitéré son optimisme : «Nous venons d’avoir un examen très professionnel par l’équipe technique de l’AEM, ce sont des professionnels de très haut niveau, ils n’ont pas soulevé d'importants problèmes critiques. Je pense qu’ils font leur travail de manière très professionnelle et positive. Je pense qu’il y a des bureaucrates, au sein de l’Union européenne, qui disent "nous n’avons pas besoin du vaccin Spoutnik, nous n’avons pas besoin de vaccin russe". Selon nous, c’est une erreur fondamentale de politiser le sujet de vaccination.»
L'OMS «optimiste» quant à une validation européenne de Spoutnik V
Concernant l'OMS, Kirill Dmitriev espère une validation dans les deux prochains mois : «On s’attend à l’approbation de l’OMS d'ici quelques mois. Quant à l’approbation de l’AEM, on va voir ce qui va se passer. Mais, encore une fois, Spoutnik a déjà été approuvé dans 66 pays, où vivent 3,2 milliards de personnes. Spoutnik est un vaccin pour l’humanité, il est utilisé dans beaucoup de pays, et franchement, nous n’avons pas vraiment besoin de ces approbations.»
Hans Kluge, haut responsable de l'OMS en Europe, a de son côté déclaré le 4 juin à RT en anglais que «la santé va au-delà de la politique» et s'est dit «optimiste» quant à la validation de Spoutnik V en Europe.
«En ce moment, les inspecteurs sont en Russie, se rendant sur les différents sites», a-t-il déclaré en marge du Forum économique international de Saint-Pétersbourg. La mission des spécialistes de l'OMS se termine ce 4 juin et se traduira par «un certain nombre de recommandations».
L'Agence européenne des médicaments a quant à elle démarré son examen de Spoutnik V début mars, phase nécessaire avant l'autorisation du vaccin dans l'Union européenne. Cette procédure a pris entre deux et quatre mois pour les autres sérums ayant déjà reçu le feu vert. La Hongrie est le seul pays de l'Union européenne à avoir commencé, sans attendre l'avis de l'EMA, à vacciner sa population avec Spoutnik V. La Slovaquie devrait démarrer le 7 juin.
La procédure d'autorisation du vaccin russe a été émaillée de polémiques : Moscou s'est agacé plusieurs fois de la lenteur de l'EMA, suggérant que l'UE puisse, pour des raisons de rivalité géopolitique, bloquer son homologation.
«Mais nous traversons tout de même ce processus, parce que nous montrons notre ouverture, nous sommes tout à fait transparents sur le processus de production, sur les essais cliniques, sur tout. C’est la base de Spoutnik V», a assuré Kirill Dmitriev au micro de RT en anglais.
Et d'ajouter : «Le monde entier a besoin de se faire vacciner. Nous luttons tous contre un ennemi commun, ce n’est pas seulement le virus en lui-même, il y a aussi différentes variants qui apparaissent – parfois ce sont des triples variants. Tous ces variants rendent les vaccins un peu moins efficaces».
Spoutnik V serait efficace contre les différents variants de Covid-19, selon le responsable russe, qui annonce la publication d'une étude à ce sujet : «Une nouvelle étude va bientôt apparaître montrant que Spoutnik V est l’un des vaccins les plus efficaces contre toutes les mutations que nous constatons à présent.»
Il estime cependant que la production du vaccin reste l'enjeu sanitaire central : «Il est vraiment nécessaire de mettre en place des capacités de production pour le monde entier. Il faut que le monde entier soit vacciné, cela ne peut se faire que si nous utilisons les capacités de production du monde entier. La Russie fait sa part pour que les capacités de production soient utilisées dans plus de 14 pays afin de commencer à sauver les gens dans ces pays à l'étranger.»