Les tests de dépistages du Covid-19 sont obligatoires en Allemagne pour qui souhaite se rendre dans un bar, café ou restaurant ainsi dans un magasin ou une piscine municipale. Une nouvelle législation fédérale a rendu gratuits ces tests en mars 2021 dans le but d'intensifier la campagne de dépistage. Un remboursement est ainsi prévu pour les centres de dépistages, allant jusqu'à 18 euros par test.
Les médias allemands se sont toutefois interrogés sur l'absence de contrôle des tests effectués. Le journal Tagesspiegel dénonce ainsi la facilité avec laquelle il est possible d'obtenir une homologation, ce qui entraîne une multiplication de ces centres. En Rhénanie du Nord-Westphalie, le ministère de la Santé en a par exemple recensé plus de 8 000 et 1 200 pour la seule ville de Berlin.
Les centres de dépistages n'ont en effet pas à indiquer le nom ou le profil des personnes venant se faire dépister. «Il suffit qu'ils transmettent le nombre de tests, sans aucun justificatif, et ils reçoivent le virement d'argent peu de temps après», selon une enquête commune des télévisions publiques NDR et WDR, avec le quotidien Süddeutsche Zeitung, qui a lancé l'affaire.
Plusieurs enquêtes ont ainsi été lancées sur les centres de dépistages soupçonnés de gonfler leurs chiffres dans le but d'obtenir des remboursements indus de l'Etat allemand. «Ceux qui se servent de la pandémie pour s'enrichir de manière criminelle devraient avoir honte», a tweeté le 29 mai le ministre allemand de la Santé, Jens Spahn.
1 743 tests déclarés contre 550 réellement effectués
Pour déceler les irrégularités, les journalistes ont compté les personnes venues pour se faire tester à plusieurs endroits afin de les comparer aux chiffres transmis aux autorités. Le résultat : pour une centaine de dépistages effectués, un centre en déclarait 422 ; ailleurs, au lieu de 550, l'entreprise disait en avoir fait 1 743 sur une journée. Cela a poussé plusieurs parquets à réagir, comme celui de Bochum qui a perquisitionné les locaux d'un centre privé ou celui de Lübeck qui a lancé une enquête pour «fraude» portant sur la «réalisation et la facturation de tests rapides», selon l'hebdomadaire WirtschaftsWoche.
Le ministre allemand de la Santé a assuré que plus de contrôles seraient effectués pour pour empêcher que certains «profitent» du «pragmatisme nécessaire» dans l'organisation.