Des fruits et légumes en provenance de tout le pays peuvent être retrouvés sur le marché Al Hal de la capitale syrienne Damas, bastion du gouvernement légitime : des pommes de terre depuis une partie d’Alep contrôlée par Daesh, des choux de Daraa, dans le sud du pays, et des pommes de Homs, deux régions partiellement sous le contrôle du Front Al-Nosra, affilié à Al-Qaïda. Les chauffeurs qui les amènent sur le marché traversent chaque jour des territoires tenus par les extrémistes, où les loi changent constamment.
«Je voyageais à travers Alep la peur au ventre», a raconté un chauffeur prénommé Ahmad, à la correspondante de RT Lizzie Phelan. «Sur ma route, il y a des mines, des voleurs, il y a Daesh et le risque d’être décapité».
Connu pour ses lois rigoureuses, Daesh punit sévèrement tous ceux qui ne se soumettent pas à certaines règles en traversant ses territoires : port du jeans, coiffure illégale, possession de cigarettes sont quelques-uns des délits passibles de quelques dizaines de coups de fouet, jusqu’à la décapitation.
Mais ce n’est pas seulement le transport de produits agricoles qui s’avère être périlleux : rien que vendre ses marchandises et se retrouver sur ce marché est un défi à la mort. Le marché Al Hal se trouve au plus près de la ligne de front entre le gouvernement et le quartier de Jobar, détenu par les forces anti-gouvernementales.
«En quelques minutes, on peut voir quelqu’un qu’on connaissait soudainement mort où blessé, et en un dix minutes le marché se vide, tout le monde fuit pour sauver sa peau… Il y a quatre jours, un obus a atteint le marché et a tué un collègue, à quelques mètres de l’endroit où nous nous trouvons maintenant», a avoué à la correspondante de RT Walid Bayloni, un employé qui a perdu sa maison et ses trois enfants dans une attaque au mortier.
Cependant, même si Damas n’est pas un havre de paix, c’est malgré tout une relâche pour ces conducteurs, qui risquent de perdre leur cargaison où leur vie lors durant leur voyage. Al Hal ressemble au moins à la Syrie qu’ils connaissent.
«Arriver à Damas est comme un jour de noces pour nous tous», raconte Nabil, un des conducteurs. «Ici, nous avons de la nourriture, nous sommes en sécurité, et personne ne nous prendra ce que nous avons gagné».