Dans un message adressé à la Russie, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a assuré ce 18 mai vouloir «éviter une militarisation» de l'Arctique. «Nous avons des inquiétudes au sujet de l'augmentation de certaines activités militaires dans l'Arctique qui renforcent les risques d'accidents ou de mauvais calculs et sapent l'objectif partagé d'un avenir pacifique et durable pour la région», a-t-il affirmé au cours d'une conférence de presse en Islande, à la veille d'une réunion du Conseil de l'Arctique à Reykjavik en présence de son homologue russe Sergueï Lavrov.
Le chef de la diplomatie américaine a déclaré espérer que ce sommet permette de «renforcer la coopération pacifique dans la région». «Nous devons avancer, tous et y compris la Russie, sur la base des normes et des engagements que nous avons pris chacun, et éviter les déclarations qui les affaiblissent», a ajouté Antony Blinken en réponse à une question sur les propos de Sergueï Lavrov sur l'Arctique la veille.
Antony Blinken a reproché ce 18 mai à la Russie ses «revendications maritimes illégales, notamment sur les règles de transit des navires étrangers sur la route du Nord» longeant les côtes russes de l'Arctique. «[Ces règles] sont en inadéquation avec le droit international et nous y avons répondu et allons continuer à répondre», a-t-il dit.
Sergueï Lavrov avait expliqué le 17 mai qu'il était «légal et légitime» pour Moscou de défendre sa zone d'influence en Arctique. «Nous voyons des critiques sur le fait que la Russie développe son activité militaire dans l'Arctique mais il est clair pour tout le monde depuis longtemps que ce sont nos terres, notre territoire, nous répondons de la sécurité de notre littoral», avait ainsi rappelé le ministre russe des Affaires étrangères.
«Quand l'OTAN essaie de justifier son offensive dans l'Arctique, ce n'est pas la même situation et nous avons des questions à poser à nos voisins, comme la Norvège, qui essaient de justifier la venue de l'Alliance en Arctique», avait-il encore souligné.
Washington déploie des bombardiers et des soldats
En effet, en dépit des propos d'Anthony Blinken, Washington a considérablement augmenté sa présence militaire dans la région. Début février, quatre bombardiers B-1 de l'US Air Force et environ 200 membres du personnel de la base aérienne de Dyess, au Texas, ont été déployés pour la première fois par les Etats-Unis sur la base aérienne d'Orland, en Norvège. Leur mission se déroulait dans le cercle polaire arctique et l'espace aérien international au large du nord-ouest de la Russie. Selon plusieurs responsables de la Défense cités par CNN, Washington la présentait comme la possibilité de «réagir plus rapidement à une éventuelle agression russe».
Un contingent de 1000 Marines sont par ailleurs stationnés en Norvège depuis janvier pour perfectionner les «compétences en guerre par temps froid et en montagne [...] dans des conditions arctiques», selon le major américain Adrian Rankine-Galloway. Alors qu'ils devaient initialement rester trois semaines, les soldats américains vont finalement «rester sur place» pour une période indéterminée, au moins jusqu'au printemps.
Par ailleurs en 2020, les Etats-Unis avait déjà déployé des navires en mer de Barents, dans la zone économique exclusive de la Russie.