Environ 6 000 migrants, dont un millier de mineurs, sont parvenus le 17 mai à atteindre l'enclave espagnole de Ceuta en arrivant par la mer ou par voie terrestre selon le ministre espagnol de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlask. Citées par l'AFP, les autorités espagnoles évoquent un «record» pour une seule journée.
Depuis les premières heures de la journée alors qu'il faisait encore nuit, les migrants ont quitté les côtes marocaines situées à quelques kilomètres au sud de Ceuta et les arrivées se sont multipliées sur le territoire espagnol, selon un porte-parole de la préfecture de Ceuta.
Les migrants sont arrivés à la nage, en utilisant parfois des bouées gonflables, d'autres des canots pneumatiques. Certains ont réussi à franchir la frontière terrestre qui sépare les deux pays. Si la grande majorité des migrants vont bien, un a trouvé la mort en se noyant.
Interrogé sur l'hébergement de ces personnes une fois rendues en Espagne, le porte-parole de la préfecture de Ceuta a affirmé qu'elles devaient être accueillies dans des hangars sur la plage d'El Tarajal mais que les autorités se réunissaient pour évaluer la situation.
Renforcement immédiat des effectifs de la garde civile et de la police nationale
Sur Twitter le 17 mai, le président du parti populaire espagnol Pablo Casado a diffusé une vidéo de ces migrants récemment arrivés en appelant le gouvernement espagnol à «garantir immédiatement l’intégrité [des] frontières et à coordonner avec le Maroc le retour des migrants dans leur pays.»
Dans un communiqué, le ministère espagnol de l'Intérieur a annoncé le 17 mai le renforcement immédiat des effectifs de la garde civile et de la police nationale dans la zone avec 200 agents supplémentaires en rappelant que les autorités espagnoles et marocaines avaient conclu récemment un accord concernant le retour vers leur pays des citoyens marocains qui arrivent à la nage à Ceuta. Selon ce communiqué les contacts entre Madrid et les autorités marocaines «ont été maintenus», et ce de façon «permanente».
Ceuta et Melilla, l'autre enclave espagnole située sur la côte marocaine, constituent les seules frontières terrestres de l'Union européenne avec l'Afrique.
A Ceuta, le nombre des arrivées double par rapport à la même période de l'année dernière
Fin avril, une centaine de migrants avaient déjà quitté la côte marocaine à la nage mais la grande majorité avait dû être secourue en mer par la garde civile espagnole. Seuls quelques-uns avaient réussi à atteindre par eux-mêmes leur destination.
Entre le début de l'année et le 15 mai, 475 migrants sont arrivés par voie terrestre ou par la mer à Ceuta, soit plus du double par rapport à la même période l'an passé, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur publiés il y a quelques jours.
Ce rebond migratoire pourrait être en lien avec la crise diplomatique que traverse le Maroc et l'Espagne depuis plusieurs mois. Les relations diplomatiques entre Rabat et Madrid se sont tendues depuis l'accueil, fin avril, en Espagne, du chef des indépendantistes sahraouis du Front Polisario Brahim Ghali pour y être soigné. Le Maroc a à ce propos convoqué l'ambassadeur espagnol pour lui signifier son «exaspération».
Le conflit au Sahara occidental, ancienne colonie espagnole classée «territoire non autonome» par les Nations unies en l'absence d'un règlement définitif oppose depuis plus de 45 ans le Maroc au Front Polisario, soutenu par l'Algérie.