Un équipage russe incluant l'actrice Ioulia Peressild et le réalisateur Klim Chipenko, respectivement âgés de 36 et 37 ans, devrait rejoindre la Station spatiale internationale au mois d'octobre 2021 dans le cadre de la réalisation d'un film russe baptisé Le Défi.
Ainsi qu'on l'apprend dans un communiqué publié le 13 mai sur le site de l’agence spatiale russe Roscosmos, il s'agit d'un travail préparé conjointement par la chaîne Pervy Kanal, l'agence Roscosmos et la société de production Yellow, Black and White. Le film fait partie d’«un grand projet scientifique et pédagogique» qui comprendra également une série de documentaires sur les entreprises du secteur spatial et sur les spécialistes qui contribuent à la construction des fusées-porteuses, des vaisseaux spatiaux mais aussi des infrastructures spatiales au sol, peut-on encore lire dans le communiqué.
Compte tenu de la préparation nécessaire des participants en amont de l'expédition – dont le décollage est prévu au cosmodrome de Baïkonour –, des examens médicaux ont d'ores et déjà été réalisés et les entraînements devraient débuter au plus tard le 1er juin. Par précaution, le projet inclut également un équipage de réserve.
Par ailleurs, l'agence spatiale russe a fait savoir qu'elle enverrait en décembre 2021 à bord de l'ISS l'homme d'affaires japonais Yusaku Maezawa – et son assistant Yozo Hirano chargé de documenter l'aventure –, pour une mission «découverte» de 12 jours. «Je suis tellement curieux de ce qu'est la vie dans l'espace que j'ai prévu de la découvrir par moi-même et de la partager avec le monde sur ma chaîne YouTube», a déclaré Yusaku Maezawa, 45 ans, dans un communiqué de Space adventures, l'intermédiaire qui organise le voyage. L'entrepreneur japonais compte en outre participer à une future mission de tourisme spatial comprenant un survol de la Lune avec SpaceX, une expédition qui pourrait se concrétiser dès 2023.
Science, communication et business : bienvenue à bord de l'ISS
Si elle s'impose avant tout en tant que symbole de la coopération spatiale entre différents pays, l'ISS constitue aussi un élément de communication de poids concernant les progrès de l'humanité dans le domaine spatial. En effet, l'envoi d'astronautes/cosmonautes (désignation qui varie selon les pays) à bord de l'ISS s'accompagne d'importantes campagnes de communication, comme en témoigne par exemple en France le récent phénomène Thomas Pesquet, qui séjourne actuellement dans la Station spatiale, où il s'apprête à endosser le rôle de commandant de bord.
Par ailleurs, en plus des missions qui sont réalisées sur place, ce n'est pas la première fois qu'on entend parler de projets culturels à bord de l'ISS destinés au grand public : les récentes annonces russes en ce sens rappellent par exemple l'ambition américaine de réaliser à bord de la station un film avec l'acteur Tom Cruise. «La NASA est ravie de travailler avec Tom Cruise sur un film à bord de l'ISS ! Nous avons besoin des médias populaires pour inspirer une nouvelle génération d'ingénieurs et de scientifiques afin de faire des plans ambitieux de la Nasa une réalité», déclarait en effet l'ex-patron de l'agence spatiale américaine en mai 2020.
Ces projets comportent aussi une dimension financière significative puisqu'ils représentent une importante source de revenus, liée à l'envoi d'humains sur la station. S'il a été marqué par une décennie de monopole russe avec l'utilisation de fusées et capsules Soyouz, le trajet vers et depuis l'ISS est désormais réalisable avec SpaceX, l'entreprise d'Elon Musk qui a déjà décroché de juteux contrats de part et d'autre de l'Atlantique. Pour un ordre de grandeur, le prix de tels voyages s'élève à plusieurs dizaines de millions d'euros, et ce, qu'ils soient effectués avec des fusées russes ou américaines.
La dimension financière est plus que jamais d'actualité au regard des chamboulements budgétaires qui planent sur l'ISS. Alors que l'exploitation de la station absorbe chaque année un total de plusieurs milliards de dollars, dépensés par les parties prenantes au détriment d'autres projets spatiaux, chacun propose des solutions, qui penchent progressivement vers une privatisation de la station. En 2018, Washington annonçait par exemple son ambition de mettre fin au soutien fédéral direct pour l'ISS, afin d'y privilégier les investissements privés. Côté russe, plusieurs annonces ont laissé entendre un éventuel retrait du pays dans les programmes de la station, à partir de 2025.
Fabien Rives