Ce 14 mai, une synagogue a été incendiée dans la ville israélienne de Lod, en marge d'affrontements entre Israéliens juifs et arabes. La veille au soir, un homme a ouvert le feu à l'arme semi-automatique sur un groupe de juifs, blessant une personne, selon un témoin et la police israélienne. Plus tôt dans la semaine, un jeune arabe avait été tué par balle. Les violences qui embrasent cette ville «mixte» dont un tiers de la population est composé d'arabes israéliens ont poussé le Premier ministre Benjamin Netanyahou à y déclarer l’état d’urgence.
Dans la matinée du 14 mai, les pompiers se sont rendus sur place pour inspecter la synagogue incendiée, et les forces israéliennes ont arrêté plusieurs jeunes arabes au cours des affrontements.
Des civils patrouillent armés
Dans la soirée du 13 mai, un groupe de juifs armés patrouillaient dans un secteur tendu de cette ville située en périphérie de la métropole Tel-Aviv lorsqu'un homme a ouvert le feu à l'arme semi-automatique.
Une personne a été blessée à la jambe, selon un témoin contacté par l'AFP. «Dans la ville de Lod il y a eu des tirs en direction d'un groupe de juifs. Il y a eu un blessé, la police cherche des suspects», a confirmé un porte-parole de la police israélienne, Micky Rosenfeld, sans préciser s'il s'agissait de l'un des membres de la patrouille armée.
Malgré l'état d'urgence et le couvre-feu à 20h, les résidents arabes de Lod ont continué à protester tandis que des extrémistes juifs sont descendus dans les rues et ont brûlé des voitures et des biens arabes, selon les journalistes de l'agence vidéo Ruptly. Des résidents arabes de Lod ont été vus en train de courir alors qu'on pouvait entendre des coups de feu.
Le chef de la formation «Sionisme religieux» Bezalel Smotrich était présent le 13 mai en début de soirée à Lod où il a accusé la police de «ne rien faire» et appelé l'armée à intervenir pour «éviter un bain de sang».
Le ministre israélien de la Défense Benny Gantz avait ordonné plus tôt dans la journée des renforts «massifs» pour les forces de sécurité dans les villes mixtes israéliennes, où vivent juifs et arabes descendants de Palestiniens restés sur leurs terres après la création de l'Etat hébreu, en 1948. Ces villes telles que Saint-Jean d'Acre, dans le nord du pays, sont le théâtre de violences depuis plusieurs jours.
Le 11 mai, un arabe israélien, Moussa Hassouna, a été tué par un tir lors d'une confrontation entre des juifs nationalistes et de jeunes arabes à Lod. Le lendemain, dans la soirée du 12 mai, un arabe israélien de 33 ans a été lynché par des militants juifs radicaux à Bat Yam, près de Tel-Aviv. L'homme a eu des côtés et des os du visage cassés, selon l'hôpital où il a été soigné.
Ces violences croissantes ont éclaté après le début des hostilités entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza. Cet affrontement est lui-même consécutif à des tensions autour de l'expulsion de familles palestiniennes du quartier de Cheikh Jarrah, à Jérusalem-Est (occupée illégalement par Israël), et à des heurts sur l'esplanade des Mosquées.
En quatre jours, les violences ont fait au moins 119 morts, dont 31 enfants, dans la bande de Gaza, bombardée par les forces israéliennes, et huit morts dont un enfant en Israël, où le Hamas a multiplié les tirs de roquettes. L'Etat hébreu a déployé le 13 mai des blindés le long de la frontière avec Gaza.