Moscou s'inquiète d'initiatives diplomatiques occidentales qui limiteraient l'étendue des dialogues multilatéraux : c'est ce qu'a exprimé, ce 7 mai, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lors d'une session ministérielle des pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU organisée par son homologue chinois Wang Yi.
Louant le multilatéralisme lorsqu'il se fait «sur une base collégiale», le chef de la diplomatie russe a déclaré être témoin, ces derniers temps, «de tentatives de mise en place d'un ordre international [...] pour imposer à tous de nouvelles règles élaborées dans des instances non inclusives et des cercles».
En cause : un «Sommet des démocraties» que l'administration Biden a promis d'organiser – sans précision ni de date ni de détails – et qui, selon Sergueï Lavrov, «ferait apparaître des lignes de fracture dans le monde». Autres exemples : l'appel au respect du droit humanitaire signé de 43 Etats ou l'appel à l'appui de la liberté d'expression auquel participent une trentaine d'Etats, constituent pour le chef de la diplomatie russe des «preuves d'une certaine unipolarité en Occident».
Pourtant, à l'issue d'une réunion virtuelle le 19 février dernier, les dirigeants du G7 (soit les Etats-Unis, la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Italie, le Canada et le Japon) avaient déclaré vouloir faire de 2021 «un tournant pour le multilatéralisme». La chancelière allemande Angela Merkel s'était alors félicitée que le multilatéralisme ait «à nouveau plus de chances au sein du G7» après la présidence américaine de Donald Trump, évoquant les «premières décisions» de Joe Biden, comme le retour des Etats-Unis dans l'Accord de Paris sur le climat. Or, quelques jours plus tard le 19 février, le chef d'Etat américain avait annoncé le retour... de «l'alliance transatlantique».
En février toujours, Sergueï Lavrov avait accusé l'Occident de chercher à affaiblir certains pays, en contradiction avec les ambitions multilatérales affichées : «Nos partenaires occidentaux ne veulent pas, ne sont pas prêts et ne peuvent pas parler sur la base de l'égalité. Que ce soit avec la Russie, avec la Chine ou avec n'importe qui d'autre. Ils ont grandement besoin d'une structure dans laquelle ils pourraient dominer. C'est pourquoi ils n'aiment pas les Nations unies parce qu'ils ne peuvent pas les contrôler à 100 %», avait-il martelé.