Entre ledit «tournant pour le multilatéralisme» dont se sont félicités les membres du G7 simultanément à l'intervention de Joe Biden lors de la conférence sur la sécurité de Munich, et la perception de la situation par le ministre russe des Affaires étrangères, le fossé est considérable.
Cité le 19 février par l'agence Tass, Sergueï Lavrov a en effet estimé que l'Occident cherchait à affaiblir les pays entourant la Russie dans le cadre d'«une politique russophobe».
Nos partenaires occidentaux ne veulent pas, ne sont pas prêts et ne peuvent pas parler sur la base de l'égalité
«Ils cherchent à affaiblir autant que possible tout ce qui se trouve autour de nous : la Biélorussie, l'Asie centrale et maintenant le Caucase du Sud», a souligné le haut diplomate russe, précisant qu'il faisait toutefois une différence entre la situation actuelle et l'idéologie de blocs propre à l'époque de la guerre froide.
«Cela signifie seulement que nos partenaires occidentaux ne veulent pas, ne sont pas prêts et ne peuvent pas parler sur la base de l'égalité. Que ce soit avec la Russie, avec la Chine ou avec n'importe qui d'autre. Ils ont grandement besoin d'une structure dans laquelle ils pourraient dominer. C'est pourquoi ils n'aiment pas les Nations unies parce qu'ils ne peuvent pas les contrôler à 100 %», a-t-il ainsi fait remarquer.
Quid du «multilatéralisme» prôné par le G7 ?
Les propos du chef de la diplomatie russe interviennent dans la foulée de l'intervention de Joe Biden à la conférence sur la sécurité de Munich, concomitamment à laquelle les pays membres du G7 ont publié un communiqué évoquant «un tournant pour le multilatéralisme», après les quatre ans d'unilatéralisme imputé à la présidence de Donald Trump.
Reste à voir en quoi consiste ce «tournant» : le 46e président des Etats-Unis a mené dans son discours une virulente charge contre la Russie, la Chine ou encore l'Iran, accusant respectivement les trois pays de vouloir «attaquer [les] démocraties», de «saper les fondations du système économique international» et de mener des «activités déstabilisatrices au Moyen-Orient». En outre, il est à noter que prenant le contre-pied de son prédécesseur Donald Trump, l'actuel chef d'Etat américain a fait savoir qu'il ne comptait pas adresser d'invitation à la Russie pour qu'elle participe aux discussions du groupe des sept.
Pour sa part, le Kremlin a fait savoir que la Russie poursuivrait ses efforts visant à rétablir de bonnes relations avec les Etats-Unis et l'Union européenne. «Nous faisons beaucoup pour y parvenir, en essayant d'encourager nos partenaires de dialogue à faire preuve de volonté pour normaliser les liens», a déclaré ce 20 février Dimitri Peskov, porte-parole de la présidence russe, tout en déplorant une absence de réciprocité du côté occidental.