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Présidentielle en Equateur : le candidat de droite libérale Lasso aurait des sociétés-écrans à Miami

Alors que le Pacte éthique équatorien l'interdit, le candidat à la présidentielle Guillermo Lasso aurait des liens avec des sociétés-écrans basées en Floride, selon le Centre d'études économiques et politiques, un think tank classé à gauche.

Le candidat à la présidentielle équatorienne Guillermo Lasso aurait des liens avec des sociétés-écrans aux Etats-Unis pour plus de 30 millions de dollars – au moins depuis 2017 –, a dénoncé le 31 mars le Center for Economic and Policy Research (CEPR), basé à Washington. «Un examen des registres des entreprises et de l'immobilier en Floride montre que les avoirs des sociétés-écrans liées à Lasso ont augmenté depuis 2017, soulevant des questions sur la légalité de sa candidature», assure le CEPR.

Cette révélation intervient dix jours avant le scrutin du second tour en Equateur qui opposera Guillermo Lasso – ancien banquier de droite – au candidat de gauche Andrés Arauz, dauphin de l'ancien président Rafael Correa.

Lors de la dernière élection présidentielle de 2017, le CEPR avait déjà dénoncé l'existence de sociétés-écrans en Floride liées à Lasso qui possédaient, selon ce centre de recherche, des propriétés à Miami évaluées à plus de 30 millions de dollars.

Contraire au Pacte éthique de l'Equateur

L'Equateur a approuvé en 2017 une réforme appelée Pacte éthique pour empêcher les agents publics ou les candidats à des postes élus par le peuple de posséder des entreprises ou des comptes dans des paradis fiscaux. Or, selon la loi équatorienne, la Floride est incluse dans la liste des régimes fiscaux préférentiels dans le cas où les investissements sont sous la forme de sociétés à responsabilité limitée (SRL). «Bien que la Floride ne figure pas sur la liste des paradis fiscaux, elle est considérée comme une "juridiction à faible taux d'imposition", que les autorités gèreront au cas par cas», précise l'étude.

«Bien que des voiles supplémentaires d'anonymat aient été introduits pour masquer la propriété, un examen des archives immobilières et corporatives de Floride montre que les sociétés-écrans liées à Guillermo Lasso ont augmenté depuis 2017», assure le CEPR. Ainsi, en 2020, la plupart des sociétés-écrans signalées auraient subi une myriade de changements, y compris des désactivations, des démissions, des changements de nom, des fusions et des dissolutions. «De nombreuses sociétés ont changé de nom dans la semaine suivant leur dissolution. Toutes les sociétés associées à Guillermo Lasso, sauf quatre, ont maintenant fusionné pour former de nouvelles entités. Au total, nous avons identifié 23 sociétés actives enregistrées en Floride», ajoute le CEPR.

Selon Jake Johnston, chercheur au CEPR et auteur de l'étude, «les sociétés-écrans sont un facteur important pour expliquer comment les riches, les puissants et les corrompus peuvent cacher leur argent pour éviter de payer des impôts».

Répondant à l'AFP, Jake Johnston a estimé que «[Guillermo] Lasso devrait clairement expliquer quel lien il a avec ces sociétés ou avec toute autre société-écran basée en dehors de l'Equateur». «Les électeurs de n'importe quel pays doivent être conscients des intérêts commerciaux, locaux ou étrangers des candidats à de hautes fonctions et savoir s'ils utilisent l'anonymat des entreprises ou des astuces comptables pour éviter de contribuer d'une façon équitable au pays qu'ils cherchent à gouverner», a conclu le chercheur.

Fondé en 1999, le CEPR est un think tank qui rassemble des économistes avec pour objectif de contribuer au débat public sur des sujets sociaux ou internationaux (Fonds monétaire international, mondialisation, économie de marché, politique sud-américaine). Son conseil consultatif comprend les économistes lauréats du prix Nobel Robert Solow et Joseph Stiglitz. Il est plutôt favorable aux idées de gauche. Andrés Arauz, le candidat corréiste en Equateur, économiste de formation, a travaillé un temps pour le CEPR. Pour l'heure, Guillermo Lasso n'a pas commenté cette étude. 

Meriem Laribi