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L'ancien Premier ministre écossais Alex Salmond lance un nouveau parti indépendantiste

Des clivages au sein du camp indépendantiste bousculent la campagne électorale en Ecosse : l'ancien dirigeant écossais Alex Salmond a lancé ce 26 mars un nouveau parti politique concurrençant son ancienne formation, actuellement au pouvoir.

L'ancien Premier ministre écossais Alex Salmond a annoncé ce 26 mars dans un discours créer le parti Alba («Ecosse», en gaélique écossais) en vue de former «une supermajorité au Parlement écossais pour l'indépendance» à l'issue des élections locales de mai dont les indépendantistes veulent faire un tremplin pour organiser un nouveau référendum d'autodétermination. «La stratégie du parti est claire et sans ambiguïté : parvenir à un pays indépendant qui réussit, juste sur le plan social et responsable sur le plan de l'environnement», a-t-il expliqué.

S'il a dit vouloir renforcer avec son parti la majorité indépendantiste au Parlement écossais, son annonce consacre des mois de déchirements entre indépendantistes.

Alex Salmond a longtemps été l'homme fort de l'Ecosse, dirigeant pendant 20 ans le SNP (Parti national écossais), dont il a fait le plus grand parti local. En 2014, il avait jeté l'éponge après la victoire du «non» au référendum sur l'indépendance.

Il est aujourd'hui en conflit ouvert avec Nicola Sturgeon, qui lui a succédé, au sujet de la gestion par cette dernière d'accusations d'agressions sexuelles sur plusieurs femmes dont il a été blanchi par la justice en 2019. Alex Salmond a mis en cause son ancienne protégée dans ce qui à ses yeux constituait un complot pour l'écarter de la vie publique.

Mise en place pour faire la lumière sur cette affaire, une commission parlementaire a conclu dans son rapport publié le 23 mars que Nicola Sturgeon avait «trompé» le Parlement en raison d'une contradiction dans son récit au sujet d'une réunion au début de l'affaire. Il s'agit d'une «violation potentielle» du code de conduite ministériel, a ajouté la commission, renvoyant toutefois aux conclusions d'une enquête indépendante menée par l'ancien procureur James Hamilton.

Or ce dernier a exonéré Nicola Sturgeon de toute violation dudit code de conduite dans son rapport, apportant une victoire majeure à la dirigeante. Sans surprise au regard du rapport de force, le Parlement écossais a largement rejeté le 23 mars une motion de défiance la visant, soumise par l'opposition conservatrice qui n'a eu de cesse d'exiger sa démission.

Combat pour un nouveau référendum

«Il y a eu deux procédures judiciaires, deux juges, trois commissions d'enquête et je suis prêt à les accepter. Il est temps d'avancer», a assuré Alex Salmond.

En 2014, les Ecossais ont voté à 55% pour le maintien au sein du Royaume-Uni mais le Brexit, contre lequel la province britannique avait voté à 62% en 2016, a donné des ailes aux velléités d'indépendance.

Nicolas Sturgeon espère décrocher le 6 mai une majorité telle au Parlement local qu'elle rendrait intenable la position du gouvernement de Boris Johnson qui persiste à refuser à l'Ecosse un nouvelle consultation. Si Nicolas Sturgeon est parvenue à défendre son poste, cette affaire a laissé des traces dans l'opinion, les sondages récents traduisant un affaissement du soutien à son parti indépendantiste, le SNP et à l'indépendance.

«Il y aura un nouveau référendum d'indépendance si le peuple écossais vote pour un nouveau référendum d'indépendance», a déclaré le 24 mars Nicola Sturgeon lors de la dernière séance du Parlement avant les élections. La veille, Boris Jonhson avait réaffirmé qu'un tel vote, sur un sujet aussi «toxique» et qui sème la «division» ne pouvait se tenir qu'une fois par génération.