L'ancien président américain Donald Trump a critiqué le 21 mars la gestion par son successeur Joe Biden de la crise migratoire aux Etats-Unis. «Nous sommes fiers d'avoir transmis à l'administration Biden la frontière la plus sûre de l'histoire. Tout ce qu'ils avaient à faire, c'était de maintenir en mode pilote automatique un système qui fonctionne bien», a estimé le milliardaire républicain dans un communiqué. «Au lieu de cela, en l'espace de seulement quelques semaines, l'administration Biden a transformé un triomphe national en désastre national», a-t-il ajouté.
Défendant sa propre politique migratoire, Donald Trump a exhorté Joe Biden à «achever immédiatement le mur» à la frontière mexicaine, «ce qui peut être fait en quelques semaines». Selon lui, la nouvelle administration démocrate «sème la mort et la tragédie humaine» et «encourage des crimes contre l'humanité». «Notre pays est en train d'être détruit !», a-t-il conclu.
Le communiqué de l'ancien président intervient alors que Joe Biden fait face à une crise majeure : deux mois après son arrivée à la Maison Blanche, il est accusé par les républicains, mais aussi par certains démocrates, d'avoir créé un appel d'air en provoquant l'afflux de milliers de migrants à la frontière avec le Mexique, et d'être désormais empêtré dans une crise migratoire qu'il refuse d'appeler par son nom. Certains élus démocrates du Texas, Etat frontalier du Mexique, ont notamment déploré le message du gouvernement, et plusieurs migrants interrogés par l'AFP après leur arrivée ont confirmé avoir été motivés en partie par la promesse de Joe Biden d'une politique plus «humaine».
Mais désormais, son gouvernement est sur tous les fronts pour tenter d'éteindre l'incendie. «Nous expulsons les familles, nous expulsons les adultes seuls», a martelé le 21 mars le secrétaire à la Sécurité intérieure Alejandro Mayorkas, qui a répété ce message sur quatre chaînes américaines différentes. «La frontière est fermée», a-t-il insisté. Premier Hispanique en charge de la politique migratoire américaine, il a reconnu mi-mars qu'un afflux de migrants historique, le plus important depuis 20 ans, était attendu à la frontière américano-mexicaine.
Le président Joe Biden lui-même a demandé aux candidats à l'immigration de s'abstenir. «Je peux dire clairement : ne venez pas», a-t-il déclaré le 16 mars lors d'un entretien sur la chaîne ABC, demandant de laisser le temps à son administration Biden de «rebâtir» le système migratoire «démantelé» selon lui par son prédécesseur à la Maison Blanche. Le 21 mars encore, Joe Biden a annoncé vouloir se rendre à la frontière mexicaine, et a indiqué que son gouvernement allait insister sur son message demandant aux migrants de ne pas tenter de se rendre aux Etats-Unis. «Nous allons le faire, et nous assurer que nous allons rétablir ce qui existait auparavant, à savoir qu'ils peuvent rester chez eux et faire leur demande depuis leur pays d'origine», a déclaré le président américain à des journalistes.
Le sort des mineurs isolés au cœur des polémiques
L'administration démocrate tente donc de rectifier son message, tout en évitant de parler d'une «crise», pour évoquer seulement des «problèmes à la frontière». Un numéro d'équilibriste sémantique qui a posé quelques soucis à l'attachée de presse de la Maison Blanche, Jen Psaki. Le 18 mars, semblant oublier la consigne, elle a ainsi ouvertement fait référence lors d'une conférence de presse à une «crise à la frontière». Pressée par les journalistes, elle a ensuite modifié sa formulation en parlant de «défis à la frontière».
Dans tous les cas, au-delà de l'afflux de migrants, c'est principalement le sort des enfants isolés qui est au cœur des polémiques. Joe Biden s'est engagé à effacer ce qu'il a qualifié de «honte morale et nationale» de la part de son prédécesseur, à savoir la séparation de milliers de familles de migrants dont certaines n'ont toujours pas été réunies. Mais si les enfants ne sont plus séparés de leurs parents, les Etats-Unis sont confrontés à l'arrivée d'un nombre important de mineurs isolés, et peinent à expliquer comment ils comptent s'en occuper.
«Nous avons pris la décision de ne pas expulser de jeunes enfants vulnérables», a réaffirmé le 21 mars Alejandro Mayorkas sur CNN. Le ministre n'a au passage pas démenti le nombre de 5 200 enfants actuellement retenus dans des centres destinés aux adultes à la frontière, bien au-delà du pic enregistré sous la présidence Trump. Plus de 600 d'entre eux s'y trouvent en outre depuis plus de dix jours, précise l'AFP, alors que la loi n'y autorise leur transit que pendant trois jours maximum.