Le 17 mars, le gouvernement social-démocrate du Danemark a annoncé que le pays allait élargir le périmètre d'une loi controversée visant à réduire la part des «non-Occidentaux» dans ses quartiers défavorisés, tout en abandonnant le terme polémique de «ghetto».
Dans un nouveau projet de loi, la ministre de l'Intérieur Astrid Krag veut que, dans chaque quartier, la part de la population originaire de pays classés comme non-occidentaux ne dépasse pas 30% d'ici dix ans. Le plan actuel – adopté par la droite il y a trois ans – retient un critère de 50%.
Le Danemark est depuis de nombreuses années l'un des pays d'Europe à la politique d'immigration la plus restrictive ; une ligne poursuivie par le Premier ministre social-démocrate Mette Frederiksen depuis son arrivée au pouvoir en juin 2019.
Limiter le risque de «voir grandir une société parallèle religieuse et culturelle» dans certains quartiers
Le ministre Kaare Dybvad Bek a affirmé dans un communiqué qu'une proportion trop importante d'étrangers originaires de pays non-occidentaux «augmente le risque de voir grandir une société parallèle religieuse et culturelle». Lors d'une prochaine révision de la législation sur les «sociétés parallèles», il entend toutefois faire disparaître de la loi le terme polémique de «ghetto» pour désigner les quartiers sensibles. «La désignation de ghetto est trompeuse [...] Je pense que cela contribue à éclipser l'important travail qui doit être fait dans ces quartiers», a fait valoir le ministre.
Jusqu'à présent, est qualifié légalement de «ghetto» tout quartier de plus de mille habitants avec une population à plus de 50% d'origine non-occidentale, remplissant au moins deux des quatre critères suivants : plus de 40% des personnes qui y vivent n’ont ni travail ni formation ; plus de 60% des 39-50 ans ne sont pas allés au-delà du collège ; une criminalité trois fois plus importante que la moyenne nationale ; et un revenu brut des habitants inférieur de 55 % à la moyenne régionale. Quinze quartiers danois rentrent dans ce cadre, et 25 sont considérés comme «exposés». La liste est actualisée en décembre de chaque année.
Dans ces quartiers, les délits sont sanctionnés deux fois plus sévèrement qu'ailleurs, et la crèche est obligatoire pour tous les enfants de plus d'un an sous peine de suppression des allocations familiales. La loi prévoit aussi d'y limiter à 40% le nombre de logements sociaux occupés par des familles d'ici à 2030. Une mesure très polémique car elle contraint à l'arrivée certains habitants à des déménagements.
La proposition de loi doit maintenant être discutée au Folketing, le Parlement monocaméral danois.
D'après l'institut statistique national, 11% des 5,8 millions d'habitants du Danemark est étrangère, dont 58% de citoyens d'un pays classé comme non-occidental.