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Danemark : un projet de loi obligerait les autorités religieuses à traduire leurs prêches et sermons

Au Danemark, un texte obligeant les communautés religieuses à traduire leurs prêches et sermons dans la langue nationale sera étudié au Parlement. Ce projet, qui vise à lutter contre l'islamisme, suscite l'indignation des communautés religieuses.

Un projet de loi qui impose à toutes les communautés religieuses de traduire à leurs frais les sermons et prêches en langues étrangères dans la langue danoise sera présenté au Parlement durant la seconde moitié du mois de mars. Ce projet de loi fait suite à une promesse électorale du parti social-démocrate, qui s'est engagé «à frapper les prédicateurs de haine islamistes», selon la chef du gouvernement, Mette Frederiksen.

Le gouvernement a fait savoir que «le but [était] de créer une plus grande transparence lorsque les leaders religieux prêchent dans des langues autres que le danois», comme le rapporte Le Figaro dans un article publié le 8 février. Bien que le gouvernement danois ait reconnu que ce projet de loi «cible les imams extrémistes», le ministre de l’Immigration et de l’Intégration, Mattias Tesfaye, a jugé «impossible de faire une loi spécialement pour la communauté religieuse musulmane» sans enfreindre les conventions internationales.

Comme le rappelle La Croix, le Danemark compte plus de 270 000 musulmans, et la plupart des sermons prêchés dans les mosquées sont en langue arabe. 

De nombreuses communautés religieuses vent debout

Ce projet de loi unique en Europe, qui concernerait les quelque 160 communautés religieuses du pays, n’a pas manqué de soulever l’indignation de nombreuses d'entre elles, à commencer par l’Association des évêques de l’Eglise luthérienne d’État, suivie par le Conseil national des Eglises et la Conférence des évêques européens. 

Cette atteinte à la liberté religieuse […] qui entacherait l’image du Danemark

«C’est une forme de tentative de contrôle inouïe que nous ne connaissons dans aucun autre pays», a notamment déclaré l’évêque Czeslaw Kozon, soulignant qu’il prêche «principalement en danois» et jugeant cette contrainte «injuste car certains prêtres étrangers n’ont pas les moyens de fournir une traduction coûteuse, d’autant que de nombreux sermons sont prononcés sans texte». 

Dans une lettre adressée à la chef du gouvernement, Mette Frederiksen, et à la ministre du Culte, Joy Mogensen, le président de la Conférence des Eglises européennes (CEC), Christian Krieger, a regretté «cette atteinte à la liberté religieuse […] qui entacherait l’image du Danemark comme nation ouverte, libérale et libre», précise Le Figaro

Enfin, l’évêque britannique de l’église anglicane, Robert Innes, craint de son côté que ce projet de loi ne soit imité dans d’autres pays : «Ma vraie préoccupation est que si les Danois le font, d'autres pays pourraient copier. Ce serait une évolution très inquiétante», confie-t-il dans les colonnes du Guardian.

Face à ce tollé, les ministres du Culte et de l’Immigration ont repoussé d’un mois l’examen du texte au Parlement, qui aura finalement lieu durant la deuxième quinzaine du mois de mars.