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Défense : le Royaume-Uni considère Moscou comme la plus grande menace

Selon la nouvelle doctrine britannique en matière de défense et de sécurité nationale, la Russie est la «menace directe la plus importante». Une analyse que Moscou regrette alors que les relations entre les deux pays sont au «point mort».

D'après la nouvelle feuille de route géopolitique britannique (Integrated Review) qui fixe les priorités du pays en matière de défense et de sécurité nationale pour les prochaines décennies, la Russie reste la «menace directe la plus importante» pour la Grande-Bretagne. Ainsi peut-on lire dans ce document d'une centaine de pages : «Le Royaume-Uni respecte le peuple, la culture et l'histoire de la Russie [mais] jusqu'à ce que les relations avec son gouvernement s'améliorent, nous nous défendrons contre l'éventail des menaces émanant de la Russie.»

Le Premier ministre Boris Johnson a également affirmé que l'île resterait membre de l'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique nord) et qu'elle travaillerait avec ses «alliés et partenaires» pour relever les défis de sécurité du «monde physique» et en ligne. «Nous continuerons à dépasser la ligne directrice de l'OTAN et à consacrer plus de 2% de notre PIB à la défense et dédierons nos capacités nucléaires et cyberstratégiques à la défense des Alliés», a-t-il précisé.

C'est la première fois que le Royaume-Uni publie ses priorités en termes de défense et de sécurité nationale depuis la sortie du pays de l'Union européenne. Les relations entre Londres et Moscou se sont considérablement dégradées au cours des dernières années suite à plusieurs incidents et désaccord, tels que l'empoisonnement en mars 2018 de l'ancien agent double russe Sergueï Skripal dans la ville de Salisbury, les tensions persistantes dans le cadre de l'affaire Navalny ou les accusations de cyberattaques portées par Royaume-Uni à l'encontre de la Russie.

«La Russie n'a été et n'est l'ennemie de personne»

Autre point important de ce rapport qui doit être détaillé par le Premier ministre Boris Johnson devant les députés : la volonté du Royaume-Uni d'augmenter le plafond de son arsenal nucléaire, une première depuis la chute de l'Union soviétique. L'une des principales mesures prévoit que le Royaume-Uni porte de 180 à 260, soit une hausse d'environ 45 %, le plafond maximum de son stock d'ogives nucléaires.

Comme le rapporte l'agence RIA Novosti, le 16 mars, le porte-parole du président russe Dmitri Peskov a regretté la nouvelle stratégie de défense britannique. «Bien sûr, cette attitude de confrontation ne peut que susciter des regrets voire des inquiétudes», a déclaré le porte-parole du Kremlin, soulignant que cette approche n'avait rien à voir avec l'état réel des choses : «La Russie n'a été et n'est l'ennemie de personne, elle ne représente de menace pour personne. Au contraire, comme le président Poutine l'a déclaré à plusieurs reprises, nous sommes en faveur de la normalisation et du développement de bonnes relations mutuellement avantageuses avec tous les pays. Nous voulons de bonnes relations», a-t-il conclu.

«Nous regrettons beaucoup que la Grande-Bretagne a choisi la voie de l'augmentation de ses armes nucléaires», a encore relevé le porte-parole de la présidence russe le 17 mars, ajoutant que cette décision nuisait «à la stabilité mondiale et à la sécurité stratégique».

Début mars, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait déclaré dans une interview au magazine Russkaya Mysl que les relations entre les deux pays étaient «au point mort», rappelant qu'au cours des dernières années, Londres avait mené une politique antirusse caractérisée par l’intensification de pressions et sanctions en tout genre.