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Suisse : l'homme d'affaires Rachid Nekkaz s'engage à payer les amendes pour port du voile intégral

Le millionnaire franco-algérien, qui avait déjà mis en place cette pratique en France, a réagi à l'interdiction du niqab votée le 7 mars en Suisse. Il y voit une question de principe pour défendre «la liberté religieuse et la liberté vestimentaire».

L'homme d'affaires franco-algérien Rachid Nekkaz a indiqué le 11 mars 2021 au quotidien suisse 20 Minutes qu'il réglerait les amendes des citoyennes suisses verbalisées pour port du voile intégral, comme il le fait déjà depuis plusieurs années dans les autres pays européens à la législation similaire.

Les Suisses ont voté le 7 mars à une courte majorité (51,21%) en faveur de l'interdiction de se dissimuler le visage, un texte qui vise implicitement la burqa (tissu qui couvre de la tête aux pieds et muni d'une fente grillagée à hauteur des yeux) et le niqab (qui couvre entièrement le corps et le visage, à l'exception des yeux). En votant contre le port du voile intégral dans l'espace public, la Suisse a adopté la même législation que la France, l'Autriche, la Bulgarie, la Belgique et le Danemark.

Je maintiens mon engagement à défendre la liberté religieuse et la liberté vestimentaire

Selon le média suisse, Rachid Nekkaz a mis en place un fonds d’un million d’euros et assure avoir déjà réglé plus de 1 000 amendes en Europe. «Je continuerai à payer les amendes dans les 26 cantons suisses, comme c’est déjà le cas au Tessin et à Saint-Gall», a-t-il expliqué, y voyant «une question de principe». Le millionnaire, ancien candidat à l'élection présidentielle algérienne, assure que son action n'est pas un soutien à l'islamisme, mais à la liberté de se vêtir : «Je maintiens mon engagement à défendre la liberté religieuse et la liberté vestimentaire aussi bien pour celles qui souhaitent porter librement le niqab en Europe […] que pour celles qui ne veulent pas porter le voile dans le monde musulman, au Soudan et en Iran par exemple.»

Rachid Nekkaz précise qu'il ne paiera que les amendes liées au port du niqab, pas de la burqa. En 2015, il justifiait cette position auprès de RT France : «Le niqab est un habit que les musulmanes décident de porter, qui couvre l’ensemble du corps sauf les yeux ; ce n’est pas la burqa. La burqa est un habit qui est imposé aux femmes en Afghanistan avec un grillage, c’est comme une prison. Ainsi, jamais je ne paierai des amendes pour le port de la burqa, que je considère être un symbole d’oppression des femmes en Afghanistan.»

Il se félicitait alors sur RT France d'avoir payé «1 300 amendes en France». La méthode avait poussé le gouvernement français à modifier en 2016 la loi de 1881 sur la liberté de la presse, introduisant un amendement pour interdire «l’annonce publique de souscriptions ayant pour objet d’indemniser des amendes». Habitué des coups médiatiques, Rachid Nekkaz s'était également porté candidat en 2013 à une législative partielle dans l'ancienne circonscription du ministre français déchu Jérôme Cahuzac. Il n'avait obtenu aucune voix.