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«Roulette russe» : l’EMA met en garde contre une autorisation en urgence du vaccin Spoutnik V

Alors que plusieurs pays membres de l'UE ont fait part de leur intention d'utiliser Spoutnik V, pas encore approuvé par l'Agence européenne des médicaments, une responsable de l'agence a «déconseillé» d'autoriser en urgence le vaccin russe.

«C'est un peu comparable à la roulette russe» : c'est par cette métaphore osée que Christa Wirthumer-Hoche, présidente du conseil de direction de l'Agence européenne des médicaments (EMA), a appelé les pays membres à attendre la décision de l'organisme concernant l'utilisation du vaccin russe contre le Covid-19, Spoutnik V.

Interrogée sur la chaîne de télévision autrichienne ORF le 7 mars, alors que le gouvernement autrichien multiplie les contacts avec Moscou, Christa Wirthumer-Hoche a expliqué ne pas avoir pour le moment «de données sur les effets secondaires concernant les personnes vaccinées».

«Nous sommes dans l'inconnu et c'est pourquoi je déconseille vivement de délivrer une autorisation nationale en urgence», a ajouté Mme Wirthumer-Hoche, invitant les pays à attendre le feu vert du régulateur européen.

Spoutnik V a franchi la semaine dernière une étape clé pour son déploiement dans l'Union européenne, avec le début de son examen par l'EMA, basée à Amsterdam. Après cette annonce, les autorités russes se sont dites prêtes à fournir des vaccins à 50 millions d'Européens à partir de juin.

«Nous pourrons avoir Spoutnik V sur le marché à l'avenir, mais une fois que nous aurons examiné les données nécessaires [en nous basant] sur les normes européennes de contrôles de qualité et d'efficacité», a insisté la représentante de l'EMA.

Impatients face à un processus jugé trop lent, plusieurs pays de l'UE se sont tournés vers des vaccins non encore approuvés par l'EMA, à l'image de la Hongrie qui a commencé à administrer le vaccin russe à sa population le mois dernier. 

La République tchèque et la Slovaquie ont également passé commande à la Russie. Le chancelier autrichien Sebastian Kurz a évoqué fin février avec le président russe Vladimir Poutine «la possibilité» de livraisons de Spoutnik V, estimant que les vaccins ne devraient pas faire l'objet de «batailles géopolitiques».

Le dirigeant a rencontré le 5 mars à Vienne un responsable du Fonds souverain russe (RDIF), qui a financé la mise au point du vaccin. «Les discussions ont été constructives et positives», avait alors commenté un porte-parole de l'ambassade russe, cité par l'agence d'Etat RIA Novosti.

Sebastian Kurz a cependant assuré vouloir attendre l'approbation de l'EMA avant toute utilisation du vaccin en Autriche.