Les manifestations se sont poursuivies le 4 mars en Birmanie, au lendemain de la journée de répression la plus meurtrière depuis le coup d'Etat, avec au moins 38 manifestants tués d'après l'ONU, qui a haussé le ton en exhortant l'armée à cesser «d'assassiner» les contestataires.
La situation a fait réagir, sur Twitter, le président français Emmanuel Macron, qui a demandé, dans un message sur les réseaux rédigé en français et en birman, à l'armée qui a pris le pouvoir de «mettre immédiatement un terme à la répression en Birmanie, à libérer les personnes détenues et à respecter le choix démocratique du peuple birman exprimé lors des dernières élections».
Michelle Bachelet, Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, s'est pour sa part dite «consternée par les attaques documentées contre le personnel médical d'urgence et les ambulances qui tentent de prodiguer des soins aux personnes blessées».
Malgré la crainte des représailles, plusieurs manifestations ont eu lieu, notamment à Rangoun, la capitale économique, rapporte l'AFP. «Nous sommes unis», ont scandé les protestataires, abrités derrière des barricades de fortune érigées à l'aide de vieux pneus, briques, sacs de sable, bambou et fil de fer barbelé. Certaines manifestations ont été dispersées au moyen de gaz lacrymogènes et des tirs ont été entendus, d'après un média local.
Le 3 mars, les forces de sécurité ont tiré à balles réelles dans plusieurs villes pour disperser des rassemblements contre la junte, des images diffusés sur les réseaux sociaux montrant des manifestants couverts de sang et blessés par balles à la tête. Au moins 38 personnes ont été tuées, selon la représentante onusienne pour la Birmanie, Christine Schraner Burgener.
54 civils tués depuis le 1er février
Au total, au moins 54 civils ont été tués depuis le putsch, selon l'ONU. Parmi les victimes, quatre mineurs, dont un adolescent de 14 ans, d'après l'ONG Save the Children. L'armée a, de son côté, fait état d'un policier décédé lors d'affrontements en marge d'une manifestation.
Une foule très importante s'est rassemblée le 4 mars à Mandalay, deuxième ville du pays, pour les funérailles d'une jeune fille de 19 ans, décédée la veille. Kyal Sin est devenue un symbole dans le pays : une photo où on la voit, peu de temps avant d'être touchée par un tir mortel, porter un t-shirt «Tout ira bien», est devenue virale sur les réseaux sociaux.
L'armée, qui conteste le résultat des élections de novembre 2020 remportées par le parti d'Aung San Suu Kyi, a promis la tenue d'un nouveau scrutin. La lauréate du prix Nobel de la paix 1991, tenue au secret par l'armée, est désormais visée par quatre chefs d'inculpation, dont «incitation aux troubles publics». L'ex-président Win Myint est par ailleurs accusé d'avoir enfreint la Constitution.