La fiancée turque du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, assassiné au consulat de son pays à Istanbul, a appelé le 1er mars 2021 à «punir sans délai» le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, après la publication d'un rapport américain l'accusant d'avoir validé son meurtre.
«Il est impératif que le prince héritier, qui a ordonné le meurtre brutal d'une personne innocente, soit puni sans délai», a déclaré Hatice Cengiz dans un communiqué.
«Cela pourrait non seulement rendre justice pour Jamal, mais aussi éviter que des actes semblables ne soient commis à l'avenir», a-t-elle ajouté.
Aucune sanctions de Washington contre MBS
Le 26 février, les Etats-Unis ont rendu public un rapport des services de renseignement estimant que le prince héritier saoudien, surnommé «MBS», avait «validé» une opération visant à «capturer ou tuer» Khashoggi. Washington n'a toutefois pas annoncé de sanction contre l’héritier du trône d'Arabie saoudite.
«Je salue la publication du rapport américain. La vérité, qui était déjà connue, a été réaffirmée et est désormais définitive. Mais ce n'est pas assez, car la vérité n'a de sens que si elle sert l'accomplissement de la justice», a déclaré Hatice Cengiz.
«Si le prince héritier n'est pas puni, cela enverra pour toujours un signal que le principal coupable peut tuer en toute impunité», a-t-elle estimé. «Les gouvernements du monde entier, à commencer par l'administration Biden, doivent se demander s'ils sont prêts à serrer la main d'une personne dont la culpabilité [...] a été attestée, sans avoir été punie», a-t-elle poursuivi.
Critique du pouvoir saoudien après en avoir été proche, Jamal Khashoggi, résident aux Etats-Unis et chroniqueur du quotidien Washington Post, a été assassiné le 2 octobre 2018 dans le consulat de son pays à Istanbul par un commando d'agents venus d'Arabie saoudite.
Après avoir nié l'assassinat, Ryad a fini par dire qu'il avait été commis par des agents saoudiens ayant agi seuls. A l'issue d'un procès opaque en Arabie saoudite, cinq Saoudiens ont été condamnés à mort et trois autres à des peines de prison. Les peines capitales ont depuis été commuées.
Cette affaire a terni l'image du prince héritier, rapidement désigné par des responsables turcs comme le commanditaire du meurtre malgré les dénégations saoudiennes.
La Turquie n'avait pas encore réagi le 1er mars au matin à la publication du rapport américain.