Des milliers de sympathisants du parti islamiste tunisien Ennahdha ont battu le pavé le 27 février à Tunis afin de soutenir leur leader, Rached Ghannouchi. Le responsable politique tunisien, également président de l'Assemblée nationale, est depuis plusieurs semaines l'un des acteurs de l'une des plus graves crises politiques ayant secoué le pays depuis la révolution de 2011.
Le président tunisien a rejeté fin janvier, en raison de soupçons de conflit d'intérêt pesant sur certains ministres, un remaniement soutenu par la formation islamiste pour assurer au gouvernement le soutien de sa coalition parlementaire.
Depuis, les deux camps s'affrontent sur l'interprétation de la Constitution et les prérogatives de chacun dans ce système semi-parlementaire. En l'absence d'une Cour constitutionnelle, le conflit s'enlise.
A la crise politique s'ajoute une sévère crise économique. La Tunisie a été secouée au cours du mois de janvier par plusieurs nuits d'émeutes durant lesquelles plusieurs centaines d'interpellations ont eu lieu. Ces heurts ont éclaté au lendemain du dixième anniversaire de la révolution du Jasmin, qui a chassé du pouvoir Zine el-Abidine Ben Ali, tandis que la pandémie de Covid a exacerbé une profonde crise sociale en Tunisie, où un couvre-feu à 20h est en vigueur depuis octobre.