Le Venezuela a décidé le 24 février l'expulsion de l'ambassadrice de l'Union européenne à Caracas, lui donnant 72 heures pour quitter le pays en riposte à une nouvelle salve de sanctions de l'UE, a annoncé le ministre vénézuélien des Affaires étrangères Jorge Arreaza. «Aujourd'hui, sur décision du président Nicolas Maduro nous avons remis en mains propres à Mme Isabel Brilhante [...] une déclaration de persona non grata», a fait savoir le ministre à la presse, après une réunion avec la diplomate européenne. «Il lui a été donné un délai de 72 heures pour quitter le territoire vénézuélien», a-t-il ajouté.
Le Venezuela est irrévocablement libre et indépendant et fonde son patrimoine moral sur ses valeurs de liberté, d'égalité, de justice et de paix internationale
Dans son allocution, Jorge Arreaza a expliqué la position de son pays. «Nous le faisons parce qu'il y a 55 sanctions [contre le Venezuela] comme s'ils avaient une autorité morale [sur notre pays], ce qu'ils n'ont pas et ils ne sont pas légitimes pour imposer une punition», a déclaré le chef de la diplomatie vénézuélienne. «Le Venezuela est irrévocablement libre et indépendant et fonde son patrimoine moral sur ses valeurs de liberté, d'égalité, de justice et de paix internationale dans la doctrine du Libérateur Simon Bolivar», a-t-il encore martelé en référence au héros des indépendances latino-américaines du XIXe siècle, surnommé «el Libertador». Attendue, l'Union européenne a demandé au gouvernement vénézuélien de revenir sur sa décision.
C'est de l'ingérence, c'est de la partialité, c'est de l'arrogance, [...] Avec quelle autorité pensez-vous pouvoir évaluer, reconnaître ou ignorer les institutions d'autres pays ?
Toujours plus de sanctions
La veille, le Parlement vénézuélien, dominé par le PSUV, le parti du président Nicolas Maduro, avait demandé au gouvernement d'expulser l'ambassadrice de l'Union européenne en riposte aux nouvelles sanctions de l'UE contre 19 fonctionnaires du pays pour leur rôle dans des actes et décisions portant, selon elle, atteinte à la démocratie et à l'Etat de droit au Venezuela. La décision, validée par les ministres des Affaires étrangères des 27, porte à 55 le nombre total de responsables et hauts fonctionnaires du gouvernement vénézuéliens sanctionnés par l'UE (interdiction de voyager et gel des avoirs sur le territoire de l'Union).
«C'est de l'ingérence, c'est de la partialité, c'est de l'arrogance, [...] Avec quelle autorité pensez-vous pouvoir évaluer, reconnaître ou ignorer les institutions d'autres pays ?» a encore tancé Jorge Arreaza. Une réunion diplomatique était annoncée pour ce 24 février entre le ministre vénézuélien et Isabel Brilhante Pedrosa ainsi qu'avec l'ambassadeur de France, Romain Nadal, et des représentants diplomatiques de l'Allemagne, de l'Espagne et des Pays-Bas.
Ce n'est pas la première fois que la situation s'envenime entre le Venezuela et l'Union européenne. Le 29 juillet, après une précédente salve de sanctions de la part de l'UE, Nicolas Maduro avait déjà déclaré l'ambassadrice persona non grata, lui donnant 72 heures pour quitter le pays. Toutefois, à l'expiration du délai et après un accord, le gouvernement était revenu sur sa décision, tout en demandant à l'UE «des gestes» en échange.