Twitter a annoncé le 23 février avoir supprimé 373 comptes qui, selon le géant des réseaux sociaux, entretenaient des liens avec la Russie, l'Arménie et l'Iran et ne respectaient pas ses règles. «Une fois nos enquêtes terminées, les 373 comptes [...] ont été définitivement suspendus de Twitter pour violation des politiques de manipulation de notre plateforme», a écrit Twitter dans son communiqué.
La société a affirmé qu'elle avait supprimé 238 comptes opérant depuis l'Iran en raison de «diverses violations de ses politiques» ainsi que 35 comptes liés à l'Arménie, expliquant qu'ils avaient été créés pour cibler l'Azerbaïdjan.
Concernant la Russie, ce n'est pas un, mais deux réseaux «distincts» que Twitter aurait identifié le conduisant à supprimer 100 comptes «liés» à ce pays. «Notre première enquête a trouvé et supprimé un réseau de 69 faux comptes qui peuvent être liés de manière fiable à des acteurs étatiques russes», peut-on également lire dans le communiqué.
Des millions d’utilisateurs risquent de tomber sous le coup [de cette formule]. Même les comptes des camarades de Navalny qui exercent certainement une influence sur les Etats-Unis et l’UE, compte tenu de la vitesse à laquelle ceux-ci fabriquent des sanctions à la demande des agents d’influence
Selon Twitter, ces comptes «amplifiaient les récits alignés sur le gouvernement russe, tandis qu'un autre sous-ensemble du réseau se concentrait sur le fait de saper la confiance dans l'alliance de l'Otan et sa stabilité». Dans le cadre de sa «deuxième enquête dans cette région», le réseau social affirme avoir supprimé «31 comptes de deux réseaux qui montrent des signes d'affiliation à l'Agence de recherche internet (IRA) et à des acteurs liés au gouvernement russe». Ces comptes auraient selon Twitter, «amplifié les récits qui avaient été précédemment associés à l'IRA et à d'autres efforts d'influence russe visant les Etats-Unis et l'Union européenne».
Ce n'est en effet pas la première fois que Twitter s'en prend à des comptes qu'il associe à la Russie et à ses autorités. De son côté, Moscou qui souhaite une réglementation internationale sur la modération des réseaux sociaux, réclame des explications au géant des réseaux sociaux pour ces nouvelles suppressions.
Moscou attend des preuves
Dans un communiqué, le Service fédéral de supervision des communications, des technologies de l'information et des médias de masse russe, Roskomnadzor, a annoncé avoir adressé un courrier à Twitter pour obtenir une liste des comptes bloqués, et une justification. L'agence russe réclame par ailleurs «des preuves que ces [comptes sont] liés à des agences d'Etat russes».
La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a pour sa part déclaré que Moscou prévoyait d'examiner les raisons du blocage de ces comptes d'après l'agence de presse TASS : «Nous nous occuperons des raisons de la suspension et préparerons un avis d’expert», promet la diplomate.
Par ailleurs, elle a qualifié d’«intéressante» la déclaration de Twitter, selon laquelle les comptes bloqués «essayaient d’exercer une influence» sur les Etats-Unis et l'Union européenne.
«Des millions d’utilisateurs risquent de tomber sous le coup [de cette formule]. Même les comptes des camarades de Navalny qui exercent certainement une influence sur les Etats-Unis et l’UE, compte tenu de la vitesse à laquelle ceux-ci fabriquent des sanctions à la demande des agents d’influence», a-t-elle ironisé.
Une politique de deux poids, deux mesures
Si la Russie se montre sceptique quant à cette annonce, c'est qu'elle fait régulièrement l'objet d'offensives de Twitter. A titre d'exemple, en septembre 2020, le mensuel française Ruptures a été soudainement affublé sur Twitter de la mention «Média affilié à un Etat, Russie» et malgré ses protestations, n'a à ce jour obtenu aucune explication sur ce qu'il affirme être un mensonge et une «stigmatisation». Ce média français assure en effet être financé à 100% par ses abonnés.
Cette «affiliation» que Twitter attribue à des médias depuis l'été 2020 ne concerne en outre qu'une poignée de pays, tels que la Russie ou la Chine. RT France qui est financée par l'Etat russe, doit en porter la mention sur son compte Twitter. Les comptes Twitter de la BBC ou de France 24, deux chaînes pourtant entièrement financées par leurs Etats respectifs, à savoir la Grande-Bretagne et la France, n'en ont pas été affublées.