«Un précieux entraînement à la guerre dans l'Arctique et en montagne» : voilà comment le porte-parole des forces du Corps des Marines pour l'Europe et l'Afrique, le major Adrian Rankine-Galloway, justifie le maintien en Norvège d'environ 1000 Marines, arrivés le mois dernier.
Initialement, ces soldats devaient participer à deux exercices militaires – Reindeer I et Joint Viking, auxquels près de 3500 hommes en provenance de cinq pays devaient prendre part – mais le ministre de la Défense norvégien Frank Bakke-Jensen a annoncé le 26 janvier leur annulation en raison de la pandémie de Covid-19.
Plutôt que de rentrer aux Etats-Unis, les soldats américains vont donc «rester sur place» pour une période indéterminée, au moins jusqu'au printemps, a fait savoir Adrian Rankine-Galloway cité par Military.com, le 18 février. «La Norvège offre un terrain difficile et accidenté qui perfectionne nos compétences en guerre par temps froid et en montagne avec les meilleurs spécialistes de combat – et de victoire – dans des conditions arctiques», a-t-il précisé.
«Qui vont-ils bombarder là-bas ?»
En dépit des arguments avancés, cette annonce intervient surtout dans un contexte de regain de tensions dans cette région frontalière avec la Russie depuis l'accession au pouvoir de Joe Biden. Début février, Washington avait en effet décidé de déployer pour la première fois quatre bombardiers B-1 de l'US Air Force et environ 200 membres du personnel sur la base aérienne d'Orland, en Norvège.
Leur mission se déroule également dans le cercle polaire arctique et l'espace aérien international au large du nord-ouest de la Russie, selon plusieurs responsables de la Défense cités par CNN, qui estiment qu'elle leur donne la possibilité de «réagir plus rapidement à une éventuelle agression russe».
Autant de mouvements militaires qui inquiètent côté russe. «Ma question est : pour quoi et qui vont-ils bombarder là-bas? L'OTAN renforce sa présence militaire le long de la ligne de contact avec la Russie. Qu'y a-t-il de positif à ce sujet ?», s'est ainsi interrogé l'ambassadeur de Russie aux Etats-Unis Anatoli Antonov, dans des propos rapportés par l'agence Tass le 20 février. Et d'expliquer que Moscou n'avait d'autre choix que de réagir en conséquence : «Vous voulez vraiment que je prenne contact avec notre chef d’Etat-Major, le général [Valery] Guerassimov [...], que je lui dise "eh bien, l’OTAN se profile à notre frontière, mais allez-y doucement, retirez nos troupes" ?»
Pour le diplomate, il ne sera pas possible d'apaiser les tensions tant que les parties n'auront pas ouvert le dialogue. Il est donc essentiel selon lui de rouvrir les canaux de communication qui ont été détruits ces dernières années. «Il est grand temps d'arrêter de parler via YouTube et les médias. Il est grand temps de s'asseoir à la table des négociations, de se regarder dans les yeux et d'entamer la conversation», a-t-il lancé.
«Tout ce que nous voulons, c’est la prévisibilité, la confiance en l’avenir, la confiance dans les actions des Etats-Unis. Nous voulons vivre en paix afin que, excusez-moi pour ces paroles nobles, notre politique étrangère puisse contribuer à encourager le développement interne du pays», a conclu Anatoli Antonov.