International

Après la mort de Turcs en Irak, Erdogan accuse les Etats-Unis de soutenir «les terroristes»

Après «l'exécution» de treize turcs par le PKK en Irak, Recep Tayyip Erdogan a accusé les Etats-Unis de soutenir «les terroristes». L'ambassadeur américain en Turquie a également été convoqué par Ankara.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé le 15 février 2021 les Etats-Unis de soutenir «les terroristes» après «l'exécution», selon Ankara, de treize Turcs en Irak aux mains des rebelles kurdes du PKK. «Les déclarations des Etats-Unis sont déplorables. Vous dites ne pas soutenir les terroristes mais vous êtes bel et bien à leur côtés», a déclaré le président turc lors d'un discours.

La Turquie a accusé, le 14 février, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) d'avoir exécuté treize de ses ressortissants, membres des forces de sécurité pour la plupart, qu'il retenait en captivité dans le nord de l'Irak depuis plusieurs années

Selon le ministre turc de la Défense Hulusi Akar, des militaires turcs ont découvert treize corps sans vie dans une grotte située dans la région de Gara, dans le nord de l'Irak, où Ankara mène depuis le 10 février une opération contre le PKK, un groupe qualifié de «terroriste» par la Turquie et ses alliés occidentaux.

Le PKK a reconnu le 14 février la mort d'un groupe de prisonniers, mais a réfuté la version d'Ankara, affirmant qu'ils avaient été tués lors de frappes aériennes turques.

Le département d'Etat américain a «déploré» ces morts le 14 février au soir dans un communiqué. «Si les informations sur la mort de civils turcs aux mains du PKK, une organisation classé terroriste, se confirment, nous condamnons ces actions dans les termes les plus forts», a ajouté le département d'Etat.

Akara a annoncé avoir par ailleurs convoqué l'ambassadeur des Etats-Unis en Turquie le 15 janvier.

Mésentente entre Washington et Ankara sur la question kurde

Les déclarations du président turc rejetant la condamnation américaine traduisent la méfiance d'Ankara envers Washington en ce qui concerne sa politique à l'égard des rebelles kurdes. Si Washington considère le PKK comme une organisation terroriste à l'instar des autres alliés occidentaux de Washington, il n'en soutient pas moins des milices kurdes qui y sont liées en Syrie dans le cadre de la lutte contre Daesh. Ce soutien aux milices kurdes syriennes des YPG est depuis plusieurs années au cœur des tensions qui traversent les relations turco-américaines.

«Si nous sommes ensemble au sein de l'OTAN et si vous voulez que l'unité de l'OTAN soit préservée, il faut agir sincèrement. Vous ne pouvez pas être avec les terroristes, si vous voulez vous ranger du côté d'une des parties, soyez à nos côtés», a ajouté Recep Tayyip Erdogan à l'adresse de Washington.

La Turquie mène régulièrement des attaques dans les zones montagneuses du nord de l'Irak contre les bases arrières du PKK, qui livre depuis 1984 une sanglante guérilla sur le sol turc qui a fait plus de 40 000 morts. Ces opérations suscitent des tensions avec le gouvernement irakien, mais le président turc répète à l'envi que son pays entend «s'occuper» du PKK dans le nord de l'Irak si Bagdad n'est «pas en mesure de le faire».

En décembre, le chef d'Etat turc avait appelé l'Irak à intensifier le combat sur son territoire contre le PKK en recevant à Ankara le Premier ministre irakien Moustafa al-Kazimi. «Aucun pays, personne ou institution ne peut questionner désormais les opérations militaires de la Turquie [en Irak], après le massacre de Gara», a répété Erdogan le 15 février.