International

«Grand effort multilatéral» : Macron veut coopérer avec la Russie et la Chine contre le Covid

Soulignant l'importance d'une initiative mondiale contre le coronavirus, le président français a appelé à intégrer les vaccins russes et chinois à cet effort, «dès lors qu'ils auront fait l'objet des certifications nécessaires par l'OMS».

Dans une interview au JDD publiée ce 14 février, Emmanuel Macron a appelé de ses vœux à davantage de multilatéralisme afin de venir à bout de la pandémie de coronavirus. En particulier, il a souligné la nécessité de travailler en coopération avec Moscou et Pékin dans le domaine des vaccins.

«Nous devons travailler avec les Chinois et les Russes pour que les vaccins développés par leurs scientifiques s'intègrent à ce grand effort multilatéral contre la pandémie – dès lors qu'ils auront fait l'objet des certifications nécessaires par l'OMS», a ainsi estimé le président de la République, saluant le rôle de l'administration Biden dans la coopération mondiale contre le Covid-19. Emmanuel Macron évoquait l'initiative ACT-A, pilotée par l'OMS et censée faciliter l'accès des pays pauvres au vaccin. 

Une «guerre mondiale» contre le virus

«Sans une action collective internationale rapide, efficace et solidaire, nous prenons le risque que le virus nous échappe», a encore confié Emmanuel Macron à l'hebdomadaire, évoquant une véritable «guerre mondiale».

Le vaccin russe Spoutnik V, porté par des résultats scientifiques encourageants, a d'ores et déjà été plébiscité par de nombreux pays issus de différents continents : Algérie, Emirats arabes unis, Argentine, Bolivie ou encore Serbie. La Hongrie est par ailleurs le premier pays de l'Union européenne à utiliser le Spoutnik V pour vacciner.

Si les pays du Vieux continent s'en remettent pour l'heure aux vaccins de Pfizer, Moderna et AstraZeneca (qui s'apprête par ailleurs à lancer des essais pour une combinaison avec Spoutnik V), l'Agence européenne des médicaments (EMA) a récemment confirmé l'enregistrement de la demande d'homologation du vaccin russe.

Depuis que les instances européennes ont annoncé en janvier envisager le recours au Spoutnik V, Emmanuel Macron, Angela Merkel et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen se sont dits favorables à une mise sur le marché européen du vaccin russe si celui-ci était homologué par l'EMA. Le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borell avait pour sa part déclaré que le Spoutnik V était «une bonne nouvelle pour l'humanité» et qu'il espérait que l'Agence européenne des médicaments l'autoriserait pour son usage dans les pays membres de l'UE.

De son côté, la Chine a approuvé en décembre le vaccin de Sinopharm, dont un million de doses ont notamment été envoyées à la Serbie. Récemment, Pékin a donné un accord «conditionnel» pour son second vaccin, CoronaVac, de la firme Sinovac, qui sera «commercialisé sous condition en Chine» pour le grand public. Précisant que des essais de phase 3 étaient en cours en Turquie, au Brésil et au Chili, l'entreprise expliquait le 5 février dans un communiqué : «Sinovac continue de rechercher activement l'approbation réglementaire pour CoronaVac dans d'autres pays tout en contribuant à rendre le vaccin contre le Covid-19 accessible et abordable à l'échelle mondiale pour assurer la prévention et le contrôle de la pandémie de Covid-19».

Mais Emmanuel Macron se disait, il y a quelques jours encore, sceptique quant à ce vaccin. «Je n'ai absolument aucune information sur le [vaccin] chinois. Je ne fais pas commentaire, mais c'est un fait [...] Cela signifie qu'à moyen et long terme, il est presque sûr que si ce vaccin n'est pas approprié, il facilitera l'émergence de nouveaux variants ; il ne va absolument pas arranger la situation des pays», lançait le chef de l'Etat au cours d'un échange avec le think tank atlantiste Atlantic Council.

«La communauté internationale doit s'unir plutôt que s'affronter autour de la question des vaccins», avait alors répondu Wang Wenbin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, affirmant que les vaccins développés par Pékin étaient «efficaces et sûrs». Message reçu ?