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Ouverture du procès en destitution de Trump : une seconde procédure qui a peu de chances d'aboutir

Le procès en destitution de l'ex-président républicain s'est ouvert au Sénat américain. La procédure devrait cependant rapidement prendre fin, la majorité de deux tiers ne pouvant être atteinte sans les voix de républicains qui demeurent pro-Trump.

Ce 10 février, les procureurs démocrates exposeront dans le détail les charges contre Donald Trump, alors que s'est ouvert la veille au Sénat des Etats-Unis le procès en destitution de l'ex-président républicain pour «incitation à l'insurrection» en conséquence des violences survenues le 6 janvier dans le Capitole de Washington. Une procédure qui a cependant peu de chances d'aboutir, puisque la majorité des deux tiers nécessaire ne peut être obtenue sans les voix d'élus républicains qui pour bon nombre d'entre eux soutiennent toujours Donald Trump.

Lors du premier jour d'audience, l'élu et procureur démocrate Jamie Raskin a diffusé dès l'ouverture du procès un montage vidéo à charge de plusieurs minutes, juxtaposant des extraits des déclarations de Donald Trump à ses partisans et des scènes de violences survenues dans le Capitole de Washington quelques instants plus tard, comme l'indique France 24. Jamie Raskin a ensuite affirmé que Donald Trump s'était rendu coupable «d'un délit constitutionnel effroyable». Si ces faits, «concrets et solides», ne sont «pas passibles d'une procédure de destitution, alors rien ne l'est», a-t-il conclu.

Ce plaidoyer a attiré les mises en garde des avocats de Donald Trump – qui vit désormais en Floride et ne témoignera pas – sur les profondes divisions du pays. L'un d'eux, David Schoen, a déclaré devant la chambre haute que ce procès est «une instrumentalisation politique de la procédure de destitution» qui va «déchirer» les Etats-Unis. «Ce procès va ouvrir de nouvelles blessures, profondes, dans la nation car de nombreux Américains le voient pour ce qu'il est : une tentative par un groupe de politiciens d'écarter Donald Trump de la vie politique et priver de leurs droits 74 millions d'électeurs [...] Ces élites les ont raillés pendant quatre ans [...] elles n'aimaient pas le résultat de l'élection de 2016», a-t-il plaidé. 

Mais le Sénat entrera dans le vif du sujet aujourd'hui 10 février à midi, heure de Washington (18h, heure de Paris) avec l'exposé des faits, chaque partie disposant d'un maximum de seize heures. Cette séquence pourrait durer jusqu'à quatre jours. 

Une procédure qui ne peut se poursuivre sans le soutien de sénateurs républicains

Un an après l'échec d'un premier procès en destitution, Donald Trump devient le premier président américain à faire face à deux reprises à une procédure d'«impeachment». C'est aussi le premier à être jugé après son départ de la Maison Blanche et, s'il était reconnu coupable, la seule conséquence serait la possibilité d'un vote le condamnant à l'inéligibilité – ce qui tuerait dans l'œuf l'hypothèse d'une nouvelle candidature en 2024.

Néanmoins, un vote à la majorité simple ayant eu lieu le 9 février sur une question de constitutionnalité (peut-on ou non juger en destitution un ex-président ?) a montré qu'il serait très difficile pour les procureurs démocrates d'atteindre la majorité des deux tiers nécessaire pour obtenir la condamnation de Donald Trump : en plus des 50 démocrates, seuls six sénateurs républicains ont estimé que le procès pouvait se poursuivre. Fort du soutien encore solide de nombreux membres de son parti, le milliardaire pourrait donc très probablement être acquitté dès le début de la semaine prochaine.   

Le Sénateur du Dakota du Nord Kevin Cramer a estimé que la défense avait «fait valoir le bon argument aujourd'hui», car «une simple lecture de la Constitution montre clairement que ce procès [...] dépasse la compétence du Sénat». Il reprend ainsi l'argument des avocats de Donald Trump, pour qui cette procédure d'impeachment est «absurde et anticonstitutionnelle» car l'ancien président est redevenu «simple citoyen».


S'il a jugé la vidéo des démocrates «efficace», le sénateur James Inhofe a quant à lui indiqué à l'AFP que cela ne changerait pas son vote. Un autre républicain, Mike Braun, affirmait n'avoir pas entendu de «nouvelles informations» qui pourraient le faire changer d'avis. Affirmer que Donald Trump pourrait être responsable des violences d'un «petit groupe de criminels» qui l'ont «absolument mal compris» est «tout simplement absurde», avaient insisté ses avocats par écrit la veille de l'ouverture du procès, en soulignant que l'ex-président les avait «exhortés à rester pacifiques». 

Le sénateur du Texas et candidat malheureux à la primaire du parti républicain de 2016 Ted Cruz a dénoncé sur Twitter un «théâtre politique» dans lequel les démocrates peuvent exprimer «leur haine pour Donald Trump au lieu de s'attaquer aux vrais défis comme le retour des enfants à l'école et le retour au travail de millions d'Américains».