Le 4 février, l'élue républicaine à la Chambre des représentants Marjorie Taylor Greene a été évincée de son siège au sein des deux commissions de l'Education et du travail ainsi que du Budget, et ce en raison de sa proximité avec la mouvance QAnon et de propos soutenant des théories complotistes tenus avant son élection. Des figures du parti républicain dénoncent un «dangereux précédent».
Cette sanction a été prononcée à l'issue d'un vote lors duquel 230 membres de la Chambre se sont prononcés pour l'éviction de leur collègue, et 199 contre. 11 élus républicains se sont associés aux démocrates, qui sont majoritaires à la Chambre basse du Congrès. De nombreux élus démocrates avaient même réclamé que Marjorie Taylor Greene – qui est par ailleurs un grand soutien de Donald Trump – soit expulsée du Congrès, mais la mesure est peu susceptible d’aboutir.
Avant d'être élue avec 74,7% des voix dans l'Etat de Géorgie en novembre dernier, Marjorie Taylor Greene avait tenu des propos polémique sur les réseaux sociaux, effacés depuis mais exhumé par la chaîne d'information CNN. L'élue s'était interrogée sur la réalité de plusieurs fusillades meurtrières, soupçonnant des mises en scène pour durcir la législation sur les armes à feu, et mis en doute le fait qu'un avion se soit écrasé sur le Pentagone lors des attentats du 11 septembre 2001. Elle avait également laissé entendre que la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi devrait être exécutée pour trahison, que la candidate malheureuse à l'élection présidentielle de 2016 Hillary Clinton était membre d’un réseau de criminels pédophiles ou que des incendies de forêt en Californie avaient été déclenchés volontairement par des lasers montés sur des satellites appartenant à une riche famille juive, comme le rappelle Le Figaro.
«Depuis des années, mes pages personnelles ont été gérées par des équipes composées de personnes différentes [...] De nombreux articles ont été partagés. Certains ne représentaient pas mon point de vue», s'est défendue l'élue de 46 ans, toujours selon Le Figaro. Portant un masque avec l'inscription «Liberté d'expression» (Free speech), elle a affirmé le 4 février avoir «cessé de croire» aux théories complotistes avant d'être candidate. «C'étaient des mots du passé» qui «ne représentent pas mes valeurs» a-t-elle souligné, accusant les médias d'être «autant coupables que QAnon de présenter des vérités et des mensonges qui nous divisent», en faisant référence à ce mouvement dont les partisans estiment que Donald Trump défend les Etats-Unis contre un vaste complot criminel mené par l'Etat profond.
Des élus républicains dénoncent un «dangereux précédent»
Cette décision a été largement critiquée par le parti républicain – et ce malgré le vote favorable à l'éviction de Marjorie Taylor Greene de 11 de ses membres. Le chef de la minorité républicaine à la Chambre Kevin McCarthy a ainsi affirmé que «cette résolution établit une nouvelle norme dangereuse qui ne fera qu'aggraver les divisions au sein de cette Assemblée», tout en précisant que «personne ne soutient ce qui a été dit avant que cette personne devienne membre» de la Chambre.
Le représentant Ralph Norman a quant à lui affirmé que «ce n'est rien de plus qu'un abus de pouvoir de la part d'un parti ivre de pouvoir», comme le rapporte Fox News. «Cela crée un dangereux précédent pour TOUS les futurs membres du Congrès. Compte tenu de tout ce que les Démocrates ont dit et fait de mémoire récente, c'est de l'hypocrisie [de gauche] à l'état pur», a également commenté l'élu républicain via son compte Twitter.
Liz Cheney, numéro 3 du parti à la Chambre et fille de l'ancien vice-président de George W. Bush Dick Cheney, a pour sa part dénoncé après le vote «un dangereux précédent pour cette institution que les démocrates pourraient regretter quand les républicains reprendront la majorité».
Du côté démocrate, le représentant Steny Hoyer a déclaré lors du débat qui a précédé le vote aboutissant à l'éviction de Marjorie Taylor Greene qu'«aucun membre [du Congrès] ne devrait être autorisé à se comporter comme Madame Greene et ne risquer aucune conséquence». Celui-ci a également brandi à cette occasion un agrandissement d'une publication sur Facebook de l'élue républicaine la montrant, sur un photo-montage, avec une arme face trois élues démocrate – dont Alexandria Ocasio-Cortez et Ilhan Omar.
«Faire partie d'un comité n'est pas un droit. C'est un privilège. Quand quelqu'un encourage la violence contre un membre, il devrait perdre ce privilège», a considéré le représentant démocrate Jim McGovern, qui préside de la commission de la réglementation de la Chambre. «Le parti de Lincoln devient le parti de violentes théories du complot», a-t-il affirmé sur compte Twitter.