Le Premier ministre britannique Boris Johnson a mis en cause le 3 février l'Union européenne dans les tensions post-Brexit en Irlande du Nord, et averti que le Royaume-Uni ferait «tout ce qui est nécessaire» pour que le processus de paix et l'unité du pays soient respectés.
Lors de la session hebdomadaire des questions au Parlement, le chef du gouvernement conservateur a fustigé l'attitude de l'UE, qui, confrontée à des retards de livraisons de vaccins, a voulu introduire un mécanisme de contrôle des exportations qui devait initialement concerner l'Irlande du Nord, avant de faire machine arrière.
«Il est tout à regrettable que l'UE semble jeter des doutes sur l'accord du Vendredi saint, les principes du processus de paix, en semblant appeler à une frontière sur l'île d'Irlande», a déclaré Boris Johnson.
Des frontières sont apparues au sein du Royaume-Uni
La pleine entrée en vigueur du Brexit au 1er janvier avait fait apparaître des contrôles douaniers pour les marchandises entre la Grande-Bretagne et la province britannique d'Irlande du Nord – dont certains ont été suspendus en début de semaine après des menaces visant les agents. Ces nouvelles formalités, prévues dans le protocole nord-irlandais de l'accord de divorce négocié il y a plus d'un an entre Londres et Bruxelles, ont été dénoncées comme étant à l'origine de problèmes d'approvisionnement dans les supermarchés.
Elles ont été introduites pour éviter le retour d'une frontière physique entre la province britannique et la République d'Irlande, membre de l'UE, qui aurait risqué de mettre en péril le processus de paix ayant mis fin en 1998 à trois décennies sanglantes entre unionistes et républicains.
Les unionistes du DUP, attachés au maintien de l'Irlande du Nord sous la couronne britannique, ont même lancé une campagne pour l'abandon du protocole et dénoncé l'apparition d'une frontière en mer d'Irlande, au sein même du Royaume-Uni.
Lors d'un entretien avec la Première ministre nord-irlandaise Arlene Foster (unioniste), Boris Johnson lui a, selon ses services, rappelé que son gouvernement ferait «tout» pour que les échanges se poursuivent de manière fluide au sein du Royaume-Uni. Devant les députés, il s'est dit prêt pour cela à recourir à une disposition du protocole qui permet à l'une des parties de s'affranchir des obligations en cas de graves difficultés «économiques, sociétales ou environnementales».
«Nous ferons tout ce qui est nécessaire, que ce soit d'un point de vue législatif ou en effet en invoquant l'article 16 du protocole pour nous assurer qu'il n'y ait pas de barrière en mer d'Irlande», a-t-il précisé.
Avant un entretien prévu ce 3 février avec le vice-président de la commission européenne Marcos Sefcovic, le ministre d'Etat Michael Gove lui a demandé dans une lettre l'extension jusqu'à 2023 d'assouplissements temporaires actuellement en vigueur.