International

Singapour limite l'accès de la police aux données de l'application de suivi des cas contacts

Alors que l'application singapourienne TraceTogether de traçage des cas contacts de Covid-19 a été téléchargée par 80 % de la population de Singapour, le Parlement vient de limiter l'utilisation de ces données par la police.

Le Parlement de Singapour a voté le 2 février une loi pour limiter l'utilisation des données collectées pour le traçage des cas contacts de coronavirus, après la reconnaissance par le gouvernement que la police pouvait y avoir accès. La cité-Etat d'Asie du sud-est avait lancé TraceTogether, un programme de traçage des personnes en contact avec des malades du Covid-19 téléchargeable sur smartphone ou fonctionnant avec un boîtier dédié, en promettant de n'utiliser les données que pour la lutte contre la pandémie.

Peu adoptée au départ en raison d'inquiétudes sur la confidentialité des données, l'application a ensuite été adoptée par plus de 80% des habitants après les assurances reçues du gouvernement qu'elle ne servirait qu'à combattre le virus et une décision de la rendre obligatoire pour accéder à certains lieux publics comme les centres commerciaux.

Les parlementaires limitent l'accès de la police aux données 

Cependant les autorités ont suscité l'indignation et la colère début janvier en admettant que les données recueillies pouvaient être consultées par la police dans le cadre d'enquêtes judiciaires et que cela avait été le cas pour une enquête sur un meurtre.

Le 2 février, les députés ont voté une loi limitant, sans les interdire totalement, les possibilités pour la police d'accéder à ces données dans sept types d'affaires criminelles dont la possession d'armes à feu, le terrorisme et le viol. Avant le vote, le ministre des Affaires étrangères Vivian Balakrishan a reconnu devant le Parlement que le gouvernement avait fait une erreur en ne disant pas clairement que la police pouvait accéder aux données recueillies.

«J'assume la pleine responsabilité de cette erreur et je regrette profondément la consternation et l'anxiété provoquées par mon erreur», a déclaré le ministre qui avait supervisé le lancement du programme.

L'organisation Human Rights Watch avait accusé le gouvernement singapourien, critiqué régulièrement pour réprimer les libertés civiles, de «saper le droit à la confidentialité» et d'avoir «exploité secrètement la pandémie pour renforcer sa surveillance et son contrôle sur la population». Le riche pays d'Asie du sud-est a été plutôt épargné par la pandémie avec moins de 60 000 cas de Covid-19, essentiellement chez les travailleurs migrants, et 29 morts.

De nombreux pays ont déployé des applications de traçage, comme TousAntiCovid en France, avec des succès variés à cause principalement d'inquiétudes sur le respect de la vie privée. La première application de traçage de contact StopCovid, lancée par le gouvernement, avait été fortement critiquée et très peu utilisée après son lancement, le 2 juin 2020. La Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil), avait demandé le 20 juillet au gouvernement de régler «plusieurs irrégularités» concernant l'application controversée. En juin toujours, le gouvernement avait reconnu que Google disposait de l'adresse IP des téléphones sur lesquels l'application StopCovid etait utilisée et hébergeait les données de santé des Français sur des serveurs gérés par Microsoft.