La justice russe a transformé ce 2 février en peine de prison ferme les trois ans et demi de prison avec sursis prononcés en 2014 contre Alexeï Navalny dans une affaire de détournement de fonds. L'opposant russe comparaissait devant un tribunal de Moscou, où il était jugé pour avoir violé à de multiples reprises en 2020 les conditions du contrôle judiciaire exigé par cette peine avec sursis.
La juge Natalia Repnikova a indiqué qu'il devrait purger trois ans et demi de prison de sa peine prononcée en 2014, moins les mois qu'il avait passés assigné à résidence cette année-là. Soit, selon l'avocate d'Alexeï Navalny, Olga Mikhaïlova, environ deux ans et huit mois de prison. Il peut encore faire appel.
L'opposant russe a été interpellé lors de son retour en Russie le 17 janvier, comme l'avaient annoncé en amont les autorités, puis incarcéré pour 30 jours. En cause : il ne s'était pas présenté à l'enregistrement auprès de l’inspection pénitentiaire à au moins six reprises au cours de l'année 2020 – le 13 janvier, le 27 janvier, le 3 février, le 16 mars, le 6 juillet et le 17 août.
En ce qui concerne la condamnation de 2014, Alexeï Navalny a été jugé coupable de détournements dans la filiale russe du groupe français Yves Rocher, via une entreprise de transport qu'il détenait avec son frère Oleg. Ce verdict avait été dénoncé par la Cour européenne des droits de l'Homme.
Tensions autour du procès
Ce 2 février, les forces de l'ordre russe ont procédé à des dizaines d'interpellations, selon l'ONG OVD-Info, devant le tribunal, où des soutiens d'Alexeï Navalny s'étaient rassemblés. Lors des jours précédents, plusieurs milliers de personnes selon cette même source ont été arrêtées lors de manifestations de soutien à Alexeï Navalny.
Selon l'agence Tass, les représentants d'une vingtaine de pays occidentaux, dont les Etats-Unis, se sont rendus à l'audience d'Alexeï Navalny ce 2 février. La Russie, par la voix de la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, avait réagi en ces termes : «Même si les pays occidentaux considèrent Navalny comme un "des leurs", il est citoyen de la Fédération de Russie.»
Fin août, Alexeï Navalny avait été transféré dans le coma en Allemagne après avoir été victime d'un malaise en Russie. Il accuse le Kremlin d'avoir tenté de l'empoisonner (une version également défendue par plusieurs gouvernements, dont ceux de la France, des Etats-Unis et de l'Allemagne), ce que réfute Moscou. Il était sorti de l'hôpital sans séquelles.