Alors que la diplomatie australienne a par le passé exprimé de multiples critiques à l'encontre de la Chine et de la Corée du Nord, sur des dossiers tels que celui des Ouighours du Xinjiang, de la pandémie de Covid-19 ou encore de l'armement nucléaire développé par Pyongyang, c'est au tour de Canberra de se retrouver dans le viseur de ses cibles sur le volet humanitaire.
De fait, l'Australie s'est attirée de sérieuses remontrances sur la scène internationale, qui visent notamment sa politique d'asile. «Plus de 40 pays ont remis en question la politique australienne à l’égard des demandeurs d’asile et des réfugiés, du Brésil à l’Allemagne, de la Corée du Sud aux Etats-Unis», soulignait le 20 janvier l'ONG Humans Rights Watch, avant de pointer du doigt, entre autres, «la détention prolongée des demandeurs d’asile». En outre, en novembre dernier, un rapport sur l'attitude de l'armée australienne en Afghanistan mettait Canberra dans une position pour le moins délicate, en révélant notamment que les forces spéciales australiennes avaient «tué illégalement» au moins 39 Afghans dans le cadre d'opérations militaires consécutives au 11 septembre 2001.
Des recommandations de Pékin pour l'Australie
«Le gouvernement chinois a adressé [des] recommandations [à l'Australie] pour améliorer son bilan en matière de crimes de guerre, de discrimination raciale, de détention de migrants et des populations aborigènes», a ainsi rapporté le 22 janvier The Sydney morning Herald.
Entre autres, la diplomatie chinoise a appelé les autorités australiennes à mener une enquête approfondie sur les crimes de guerre présumés des forces spéciales australiennes opérant à l'étranger. En référence au rapport susmentionné sur l'intervention militaire australienne en Afghanistan, Pékin a en effet encouragé Canberra à faire en sorte «que ces crimes ne se reproduisent pas».
En outre, Hua Chunying, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a déclaré que le gouvernement australien devait «arrêter d'utiliser la désinformation et de faire des accusations politiquement motivées et sans fondement contre d'autres pays».
Pour rappel, sur fond de lois australiennes visant la Chine en matière d'ingérence étrangère, les tensions diplomatiques entre les deux pays se sont accentuées durant l'année 2020.
La Chine fait, par ailleurs, l'objet de sévères critiques de la part des ONG de défense des droits de l'Homme, Amnesty International par exemple, dénonçant en 2019 «une répression systématique de toute opposition» et un «recours à la torture et à d’autres mauvais traitements en détention», notamment.
La Corée du Nord «gravement préoccupée»
Le 20 janvier, un haut responsable du ministère nord-coréen des Affaires étrangères a également adressé des recommandations à Canberra pour améliorer sa gestion des questions raciales, des détenus et des citoyens handicapés, ainsi que le rapporte le média en ligne NK News, dont le siège est basé en Corée du Sud.
«La délégation nord-coréenne est gravement préoccupée par les violations continues des droits de l'Homme en Australie et par les infractions au droit international des droits de l'Homme», a déclaré Han Tae Song, ambassadeur de la République populaire démocratique de Corée du Nord (RPDC) auprès des Nations unies.
Et le haut diplomate de demander à Canberra de «mettre fin au racisme, à la discrimination raciale et à la xénophobie profondément enracinés dans la sphère publique, fondés sur l'origine ethnique, raciale, culturelle ou religieuse».
En outre, Han Tae Song a fait part de ses inquiétudes concernant «les traitements cruels, inhumains ou dégradants dans les lieux publics de détention» tels que la «violence sexuelle» et les «fouilles à nu de routine» en Australie.
Ces remontrances nord-coréennes visant l'Australie interviennent en réponse aux lourdes allégations dont fait l'objet Pyongyang, de façon récurrente. De fait, l'ONU reproche de longue date à la Corée du Nord des violations systématiques et généralisées des droits de l'Homme, dénonçant des pratiques de torture, des meurtres extrajudiciaires ou encore l'existence de camps d'internement. Accusations que Pyongyang a toujours balayées, en les qualifiant de propagande étrangère.
En tout état de cause, de telles accusations valent à la RPDC la reconduction régulière de sévères sanctions à son encontre qui, «à défaut d'avoir prouvé leur efficacité en termes de dissuasion, étranglent chaque jour un peu plus la population nord-coréenne», comme l'expliquait en août 2020 à RT France Juliette Morillot, journaliste et spécialiste de la péninsule coréenne, qui se rend régulièrement sur place depuis 1982 et qui a co-écrit plusieurs ouvrages sur les deux Corées.