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«Ingérence flagrante»: l'ambassade américaine en Russie énumère les lieux de rassemblements illégaux

Sur son site Internet, l'ambassade des Etats-Unis en Russie a indiqué les heures et lieux de manifestations non-autorisées qui seraient prévues le 23 janvier, dans plusieurs villes du pays. La diplomatie russe a dénoncé une forme d'ingérence.

L'ambassade des Etats-Unis en Russie a provoqué l'irritation de son pays hôte, en listant, dans une publication sur son site le 22 janvier, un certain nombre de mobilisations illégales qui seraient prévues pour le lendemain dans 12 villes russes, dont Moscou, Saint-Pétersbourg, Iekaterinbourg et Omsk.

Le site ru.usembassy.gov (renvoyant à la fois à l'ambassade et aux consulats étasuniens en Russie) met en garde ses concitoyens : «Des sources médiatiques ont indiqué que samedi, 23 janvier, des manifestations étaient prévues à travers la Russie en soutien à un activiste de l'opposition. Ces manifestations sont susceptibles d'être non autorisées. Compte tenu de la présence policière substantielle et de la possible dispersion de manifestants dans d'autres quartiers des villes, les citoyens américains devraient éviter ces manifestations et toute activité liée à des manifestations.»

Or, l'établissement diplomatique américain ne se contente pas de cette recommandation, mais indique les heures approximatives et les lieux des rassemblements au sein de chaque ville.

L'ambassade des Etats-Unis "informe" une fois de plus en détail sur son site web où et quand des événements de masse non-autorisés sont prévus

Des indications qui n'ont pas été du goût de la diplomatie russe. Dans une publication sur Telegram, le ministère russe des Affaires étrangères a réagi en ces termes : «L'ambassade des Etats-Unis "informe" une fois de plus en détail sur son site web où et quand des événements de masse non-autorisés sont prévus. [...] Tout cela coïncide avec les directives doctrinales provocatrices de Washington pour encourager "les protestations dans les pays dont les gouvernements ne leur plaisent pas".»

Et le ministère russe de poursuivre : «Toute tentative de "couverture" de ce type de rassemblements non-autorisés sera considérée comme une ingérence flagrante dans les affaires intérieures de notre pays et suscitera une réaction adéquate.»

Appels à participer à des manifestations non-autorisées

Des partisans de l'opposant russe Alexeï Navalny ont appelé à des rassemblements, non-autorisés, dans le pays le 23 janvier – ce qui a valu à certain d'entre eux d'être interpellés. Alexeï Navalny a été incarcéré pour non respect des conditions d'une peine de prison avec sursis, à son retour en Russie le 17 janvier. Selon les services pénitentiaires russes, il ne s'est pas présenté à l'enregistrement auprès de l’inspection à au moins six reprises au cours de l'année 2020, entre janvier et mi-août.

A la fin du mois d'août, Alexeï Navalny avait été transféré dans le coma en Allemagne, après avoir été victime d'un malaise. Il accuse le pouvoir russe d'avoir tenté de l'empoisonner (une version également défendue par plusieurs gouvernements, dont ceux de la France, des Etats-Unis, et de l'Allemagne), ce que réfute Moscou. Il était sorti de l'hôpital sans séquelles.

Ce 22 janvier, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a notamment dénoncé le fait que des enfants et des jeunes personnes soient encouragés à participer à de tels rassemblements illégaux, tout en appelant à ne pas «surestimer» ces mobilisations annoncées.