France

La France «semble assimiler l'islam en général à la menace terroriste», selon Human Rights Watch

Le directeur exécutif de l'ONG américaine a estimé que la France semblait «assimiler l'islam en général à la menace terroriste» et a critiqué l'article 24 de la loi Sécurité globale, qui entrave selon lui la réduction des «abus policiers».

Le 12 janvier, le directeur exécutif de Human Rights Watch, Kenneth Roth, a estimé que la France «semble assimiler l'islam en général à la menace terroriste». Il a également critiqué l'article 24 de la proposition de loi dite Sécurité globale, dont les dispositions entravent selon lui la réduction des «abus policiers».

Dans cet entretien accordé à l'AFP à Genève la veille de la publication du rapport annuel de cette ONG largement financée par le milliardaire américain d'origine hongroise George Soros, Kenneth Roth déclare également qu'Human Rights Watch a été «profondément préoccupé par la manière dont le gouvernement français a répondu à la menace terroriste». «Oui, il y a des actes de violence, mais le gouvernement semble assimiler l'islam en général à la menace terroriste, et c'est une énorme erreur», a jugé le responsable de l'ONG internationale de défense des droits humains.

«La France, en dépit de sa tradition de laïcité, doit trouver un moyen de respecter le droit des gens à croire et à manifester leur croyance, tant qu'il n'y a pas de violence. Si le gouvernement diabolise un croyant quelconque et assimile la croyance à la violence, cela va éloigner les gens de l'Etat et pousser la religion vers la clandestinité, ce qui est finalement très dangereux», a-t-il souligné, réagissant à deux projets de législation en France dont la très contestée proposition de loi Sécurité globale, mais aussi à un texte sur le séparatisme.

La loi Sécurité globale donne à la police «la possibilité de faire ce qu'elle veut», critique HRW

L'article 24 de la proposition de loi Sécurité globale avait suscité la colère notamment de la presse mais également de très nombreuses organisations de défense des droits de l'homme qui y voyaient une atteinte à la liberté d'informer. Dans sa mouture initiale, l'article 24 interdisait et pénalisait la diffusion malveillante d'images des forces de l'ordre. Face au tollé provoqué par cet article, le gouvernement a finalement laissé au Parlement le soin de trouver une nouvelle formulation alors que le texte doit passer devant le Sénat en janvier et que celui-ci s'est engagé dans une réécriture complète de l'article.

«Il est important de reconnaître que c'est du journalisme légitime, du militantisme citoyen légitime que de photographier la police dans une situation de confrontation comme moyen de réduire les abus policiers. Si vous enlevez ces preuves visuelles, vous donnez à la police la possibilité de faire ce qu'elle veut. Un simple témoignage n'a jamais suffi pour amener la police à rendre des comptes et les preuves visuelles sont essentielles», a insisté Kenneth Roth.