Depuis sa prison, Barghouti explique que « La récente escalade de violence n'a pas démarré avec le meurtre de deux colons israéliens, cela a commencé il y a bien longtemps et dure depuis des années » car «tous les jours des Palestiniens sont tués, blessés, arrêtés. Tous les jours le colonialisme progresse, le siège à Gaza se poursuit, l'oppression perdure».
Pour lui, le problème n'est ni «le manque de volonté ou l'incapacité» de Yasser Arafat et Mahmoud Abbas, mais «qu'Israël a choisit l'occupation au lieu de la paix, et a utilisé les négociations comme un écran de fumée afin de faire avancer son projet colonial». Un fait que «les gouvernements du monde entier connaissent».
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Selon le prisonnier, «il ne peut y avoir de négociations sans un engagement clair des israéliens de se retirer complètement des territoires palestiniens occupés depuis 1967, y compris Jérusalem Est ; une fin définitive de toutes les politiques coloniales ; une reconnaissance des droits inaliénables du peuple palestinien comprenant leur droit à l'auto-détermination et au retour ; et la libération de tous les prisonniers palestiniens». Pour lui, il est impossible de coexister avec l'occupation et de s'y soumettre.
Marouane Barghouti rappelle «l'exil forcé» et le «transfert» subit par les Palestiniens il y a 70 ans, «depuis la création de l'ONU» et constate l’inefficacité des efforts diplomatiques depuis les accords d'Oslo et le silence de la communauté internationale, qui a pourtant déjà usé du «boycott, désinvestissement et sanctions, qui ont été déterminants pour débarrasser le monde du régime d'apartheid».
Barghouti demande alors : «Que sommes-nous censés faire ? Rester là et attendre la prochaine famille palestinienne brûlée, le prochain enfant palestinien tué ou arrêté, la prochaine colonie qui sera construite ?» Avant d'ajouter : «Les actions et les crimes d'Israël ne détruisent pas seulement la solution à deux Etats sur la base des frontières de 1967 en violant le droit international, elles menacent de transformer un conflit qu'il est possible de résoudre en une guerre de religion sans fin qui minera la stabilité d'une région qui connaît déjà des bouleversements sans précédent».
«Par nature, les humains désirent vivement la liberté, la lutte pour la liberté, le sacrifice pour la liberté, et la liberté pour le peuple palestinien est due depuis bien longtemps» explique le prisonnier, ajoutant qu'il est «inutile d'essayer de briser le peuple palestinien».
Pour lui, la nouvelle génération palestinienne « n'a pas attendu les consignes pour faire respecter ses droits, et ses devoirs, de résistance à l'occupation. Elle le fait si désarmée, alors qu'elle est confrontée à l'une des plus grandes puissance militaire du monde». Il espère aussi que «le drapeau qui a été hissé avec fierté à l'ONU flottera un jour sur les murs de la vieille ville de Jérusalem».
L'ancien membre du Fatah conclu alors : « J'ai passé 20 années de ma vie dans des prisons israéliennes, y compris les 13 dernières années, et ces années m'ont rendu encore plus certain de cette vérité inaliénable : le dernier jour de l'occupation sera le premier jour de la paix. Ceux qui recherchent ce dernier doivent agir, et agir maintenant, pour précipiter le premier».
Texte original publié dans le Guardian