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Explosions à Ankara : le bilan risque de s'alourdir, plusieurs pistes étudiées

Le dernier décompte, présenté par le parti pro-kurde HDP, parle de 128 morts et 160 blessées lors des deux explosions dans la capitale turque. Personne n’a encore revendiqué l’attentat, mais les autorités suspectent Daesh.

Les autorités, n’ont cependant pas encore reconnu le nouveau bilan, le leur restant bloqué à 97 morts et 246 blessés. Deux fortes explosions, attribuées par le gouvernement à des kamikazes, ont visé samedi matin près de la gare centrale de la capitale turque une manifestation de partis politiques, syndicats et ONG proches de la cause kurde qui dénonçaient la reprise des affrontements entre les forces de sécurité et les rebelles kurdes.

En l’absence de revendications, le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a pointé du doigt trois mouvements susceptibles, selon lui, d'en être l’auteur : les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Daesh et le Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple d’extrême gauche. Mais les services turcs de sécurité ont annoncé que, selon les données préliminaires, l’attaque à Ankara aurait été organisée par Daesh.

Cependant, il existe une autre version : un des auteurs de l’attentat pourrait être le frère de Seyh Abdurrahman Alagoz, kamikaze de Suruç, qui a tué 32 jeunes militants dans une manifestation en juin. Yunus Emre, son frère aîné, est porté disparu. Et des sources anonymes dans la police turque ont accrédité l’hypothèse de sa participation. Les enquêteurs qui analysent les corps sur le site ont fait savoir qu’un des kamikazes était âgé de 25-30 ans.

En savoir plus : «Après des années de neutralité, ciblée, la Turquie se retrouve au cœur de la lutte contre Daesh»

Ankara sous le choc et en colère

De nombreuses manifestations de solidarité envers les victimes ont eu lieu en Turquie et dans le monde. 10 000 personnes ont défilé samedi sans incident à Istanbul, pointant du doigt le Président turc Recep Tayyip Erdogan, en scandant «la paix l’emportera», ou encore «Erdogan, meurtrier». Des confrontations entre manifestants et forces de l’ordre ont par contre eu lieu lors de protestations ailleurs dans le pays, comme à Diyarbakir, ville à majorité kurde où la police a utilisé du gaz lacrymogène.Tayyip Erdogan, pour sa part, a appelé à «la solidarité et la détermination comme réponse la plus significative au terrorisme».

A l'appel des mouvements qui avaient organisé la «marche pour la paix» de samedi, plusieurs milliers de personnes sont descendues dimanche sur une place d'Ankara proche du site de l'attentat pour dénoncer la violence. Les manifestants ont également conspué le président Recep Tayyip Erdogan et son gouvernement, accusés d'entretenir des liens avec Daesh et de ne pas avoir, délibérément, assuré la sécurité du rassemblement prévu samedi.

En Europe également, différents rassemblements ont eu lieu. C’est notamment le cas à Paris où plusieurs milliers de personnes, kurdes en majorité, manifestaient dimanche contre la «politique de guerre» du régime turc. Dans le centre de la capitale, flottaient un drapeau kurde géant, des bannières de différents mouvements politiques kurdes et des pancartes noires proclamant : «Les martyrs de la révolution ne meurent jamais», «Erdogan assassin, Europe complice» et «AKP + Daech = attentat Ankara».

Funérailles

Des milliers de personnes ont rendu hommage dimanche à Ankara aux victimes de l'attentat le plus meurtrier de l'histoire de la Turquie, qui a fait au moins 128 morts, et accusé le pouvoir de la montée des tensions à trois semaines des élections législatives. Le Premier ministre islamo-conservateur Ahmet Davutoglu a décrété trois jours de deuil national après cette attaque qui suscite de nombreuses questions et alimente toutes les rumeurs.